Abdelkader Bensalah, actuel secrétaire général par intérim du RND, et président du Conseil de la Nation, connu pour être très discret, s'est permis un 'petit coup de gueule'' lorsqu'un journaliste du quotidien El Khabar' qui l'interviewait est revenu sur ses prétendues origines marocaines. « Je suis de la région de Fellaoucène'', a-t-il répondu, invitant ceux qui en doutent d'aller dans son village natal, près de Tlemcen pour s'en persuader. Pour le reste, M. Bensalah a fait calmement le tour de l'actualité politique nationale, et notamment les questionnements sur l'absence pour cause de maladie du chef de l'Etat, et ses conséquences sur le déroulement de la vie institutionnelle. D'autant que des milieux avaient spéculé sur l'arrêt des travaux de la commission nationale chargée de la révision de la constitution, prélude aux prochaines présidentielles. Le n°1 du RND, a ainsi indiqué que la commission technique chargée de l'élaboration du projet de Constitution amendée «a pratiquement finalisé son rapport et le soumettra au Président Bouteflika à son retour». Il précisera que «je n'ai pas eu connaissance, ni en tant que responsable de parti, ni en tant que président du Conseil de la Nation, que le travail de la commission a été interrompu, au motif de l'absence du président de la République, actuellement en convalescence en France». Il a même démenti, dans la foulée tout report de l'amendement de la Constitution, et a confirmé «que les prochaines élections présidentielles sont toujours maintenues au printemps 2014». «Le Premier ministre accomplit son devoir, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur du pays et le Parlement fonctionne normalement. Il n'y a donc aucun problème», a-t-il dit, précisant que les dossiers étaient traités et les instructions et orientations données aux institutions «émanaient» de la partie habilitée, c'est-à-dire le Président Bouteflika. Dans la foulée, il a dénoncé la tentative de certains milieux d'appliquer l'article 88, relatif à la vacance de pouvoir du fait de la maladie du président, et tenter ainsi de faire un putsch médical. « Certaines parties ont transgre ssé toutes les règles éthiques et politiques dans leur lecture»', assure-t-il, avant d'affirmer que «actuellement, les motifs d'application de l'article 88 de la Constitution n'existent pas». Dans une interview fleuve, M. Bensalah aborde, par ailleurs, la vie de son parti, le RND, qui traverse actuellement des temps difficiles, après la démission de son secrétaire général Ahmed Ouyahia. Selon le nouvel homme fort du parti, 'les différends sont surtout liés aux suites des candidatures sur des listes électorales». «La tenue d'une session extraordinaire dans un climat serein constitue un tournant important dont les résultats seront palpables, lors du prochain congrès prévu en décembre», a considéré M. Bensalah. Quant à la démission de Ouyahia, il l'a imputée directement au désir de changement à la tête du parti, invoqué par une grande majorité des militants du RND. Ouyahia, selon Bensalah, a pris en compte l'attachement d'une partie non négligeable des membres du parti au changement et qu'il a, en conséquence, opté pour la démission en vue d'éviter 'des scissions au sein du Rassemblement''. Sur les réformes politiques introduites sous le règne de Bouteflika, il a estimé qu'elles ne sont pas vouées à l'échec, et que la réalité et les chiffres sont là pour le prouver. Concernant l'appel de certains partis à une intervention de l'Armée pour «un rôle politique déterminé», M. Bensalah a indiqué que la position du RND convergeait avec celle exprimée par le communiqué du ministère de la Défense concernant l'attachement de l'armée à son rôle constitutionnel. Sur le prochain congrès du parti, il a indiqué qu'il se devait de s'adapter aux changements fondamentaux du pays. 'Ces préoccupations et d'autres, seront tranchées lors de cette prochaine rencontre, qui examinera également l'orientation stratégique du parti et un projet de déclaration de politique générale'', a-t-il dit, avant de démentir que des organisations ayant contribué à la création du parti aient quitté ce dernier. Par ailleurs, M. Bensalah, a indirectement annoncé qu'il n'est pas candidat aux prochaines élections présidentielles. Il a ainsi éludé cette question en indiquant que du fait de ses fonctions à la tête du Conseil de la Nation et de ses responsabilités, il obéissait aux dispositions de la Constitution et des lois régissant l'action de la chambre haute du Parlement. Dans une brève allusion à la lutte contre la corruption, il a souligné que son parti a fait plusieurs déclarations dans ce sens, et que le RND a toujours milité pour cet objectif. Sur les relations avec le Maroc, il dira notamment que «la thèse marocaine a toujours manqué de sincérité, le Maroc considérant l'Algérie comme étant la source de tous ses problèmes». «Pour Rabat, il y a un sérieux problème», particulièrement dans la gestion du dossier de décolonisation du Sahara Occidental, a-t-il dit, ajoutant que «le Maroc doit faire preuve de courage et prendre la décision adéquate avec les véritables concernés, en l'occurrence les Sahraouis, s'il veut vraiment régler le problème». Sur la réouverture des frontières, il a relevé qu'il s'agit d'un vieux procédé de diversion pour détourner l'attention de l'opinion publique de «la question essentielle qui est celle du Sahara Occidental». «Le Maroc sait et nous savons aussi que ce n'est qu'un faux-fuyant», ajoute t-il, avant d'affirmer que «le Maroc doit trouver d'autres arguments, car la provocation systématique ne le servira en rien». Autre question importante: la promulgation de la loi de finances complémentaire 2013, qui doit être signée par le président de la République, après son passage en Conseil des ministres et l'approbation des deux chambres du Parlement. Sur cette question, le SG du RND est serein. 'La procédure pour la loi de finances complémentaire 2013 sera la même que celle appliquée à tous les autres projets de loi et sera promulguée conformément aux dispositions légales en vigueur, à savoir son examen en Conseil des ministres puis au Parlement», précise t-il. Mais, «en cas d'obligations urgentes, elle sera examinée en Conseil des ministres puis promulguée, avant d'être soumise, ultérieurement, au Parlement qui se prononcera». La présentation de cette loi en Conseil des ministres pour approbation est «nécessaire», mais sa «promulgation sous forme d'ordonnance présidentielle est possible aussi. Elle doit, cependant, être soumise à la prochaine session du Parlement qui doit déterminer sa position, a-t-il dit.