Le prix de la licence 3G fixé par l'ARPT à 3 milliards de DA est raisonnable, estiment des experts qui y voient une contrainte de moins pour les opérateurs. Les tarifs des abonnements devraient être abordables, mais la qualité du débit pourrait réserver des mauvaises surprises. Le ministre de la Poste et des technologies de l'information et de la communication, Moussa Benhamadi a promis une licence 3G à un prix abordable pour accélérer le développement du haut débit mobile. L'ARPT (Autorité de régulation de la poste et des télécommunications) lui a emboité le pas, en exigeant des opérateurs des prix de services 3G «raisonnables». Maintenant que le prix de la licence a été fixé à 3 milliards de Dinars que d'aucuns jugent effectivement «modéré», qu'en sera-t-il de la tarification pour les consommateurs ?Le prix de la licence 3G pour les 3 opérateurs réunis est d'environ 117 millions de dollars. Sachant que le nombre d'abonnés en Algérie est de 37.5 millions, selon les derniers chiffres de l'ARPT, le coût de la licence par abonné serait de 3,12 US$.Ce coût unitaire était de 7.50 US$ pour le Maroc, de 14.20 pour la Tunisie, de 19 US$ pour l'Egypte et de 73 US$ pour le Nigeria. Le prix de de la licence 3G de l'Algérie est comparable à celui du Maroc (120 Millions US$), avec un nombre d'habitants comparable aussi. Le cout unitaire par abonné au Maroc (à 7,5 US$) est cependant le double au Maroc par rapport à l'Algérie alors que le PIB par habitant est 65% moins important (Maroc = 5.193 US$, Algérie = 8.515 US$). «L'Algérie dispose d'un produit intérieur brut annuel par habitant très élevé par rapport au coût de la licence, par conséquent ses citoyens abonnés disposent potentiellement de plus d'argent à dépenser dans les services de données de la 3G», observe Ali Kahlane, président de l'Association algérienne des fournisseurs de services internet (AAFSI). Un prix «subventionné» ? Kahlane s'interroge sur les critères qui ont permis de fixer le prix des licences 3G. Est-ce la taille potentielle du marché des services de données ou est-ce la richesse économique de la population ? Pour lui, un prix de la licence à 460 millions US$ pour les trois opérateurs est aussi intéressant, soit 153 millions US$ par opérateur. Avec un tel prix, il estime que les tarifs pour les consommateurs peuvent être abordables pour peu qu'on laisse « ces mêmes opérateurs calculer les prix des services en fonction de leur investissement tout en faisant jouer la concurrence et la loi de l'offre et de la demande sous l'œil vigilant de l'ARPT, pour que l'abonné ne soit pas lésé ». Ali Kahlane considère que le prix actuel est carrément «subventionné» par l'Etat. Il faut donc, a-t-il souligné, obliger les opérateurs à redistribuer cette « subvention » sous forme de prix «très abordables» avec des services tout aussi bon marché. Et, souligne-t-il, des prix abordables pousseraient à la consommation et permettraient aux opérateurs et d'engranger encore plus vite les dividendes. Des prix abordables avec le débit en moins Le prix abordable de la licence 3G permet amplement aux opérateurs d'amortir leurs investissements et accélérer le déploiement du réseau, estime pour sa part Younès Grar, expert et consultant TIC. Cela doit se répercuter sur les prix de forfaits internet mobile d'autant que les prix des équipements 3G-une technologie en fin de cycle-dont les prix ont chuté ces dernières années, explique-t-il. Il considère qu'il est possible de tabler sur un prix d'entrée de gamme à 2500 DA/mois comparable aux forfaits proposés actuellement sous le réseau 2G+ avec un débit 3G. «Cela est possible, estime-t-il, en misant sur le nombre d'abonnés avec des services en moins afin de démocratiser cette technologie». Le monopole d'Algérie Télécom sur la bande passante, un obstacle ? Pour M. Grar, le prix dépendra également du coût de la bande passante que seule Algérie Télécom vend aux opérateurs. «La qualité du débit risque de décevoir. Les abonnés risquent de connaitre les mêmes problèmes qu'avec l'ADSL d'Algérie Télécom. Cette dernière qui détient le monopole sur la bande passante la propose à un prix plus cher que ceux pratiqués à travers le monde avec la qualité en moins», a-t-il asséné. Grar estime que si Algérie Télécom conserve son monopole sur la bande passante durant les prochaines années, le consommateur ne pourra pas prétendre à un forfait mobile en illimité à 3500 DA/mois. «Alors que le prix des abonnements ADSL de 20 méga est de 3500/4500 DA de par le monde, en Algérie 1 méga coûte 2000 DA. L'ARPT et le MPTIC doivent se pencher sur la politique tarifaire d'Algérie Télécom et nous dire pourquoi ça coûte aussi cher», a-t-il souligné.Il a également insisté sur la qualité de l'hébergement qui doit être améliorée pour inciter à héberger les sites algériens dans des centres d'hébergement locaux afin de décongestionner le flux et permettre une meilleure qualité de débit. «C'est en jouant sur la qualité de l'hébergement en local et la baisse des coûts de la bande passante qu'on pourra avoir des forfaits illimités abordables avec une bonne qualité de services», a-t-il résumé.