Le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, a confirmé hier des informations déjà données sur une augmentation des parts de Sider à 51% dans le complexe sidérurgique d'El-Hadjar que gère le groupe mondial ArcelorMittal. «Le dossier d'ArcelorMittal connaî-tra prochainement une avancée qui permettra à l'Etat de détenir 51%, au dinar symbolique, de cette structure», a déclaré M. Sellal. L'ancien ministre de l'Industrie avait déjà annoncé en juin dernier que les négociations avec Arcelor seront terminées « avant la fin de l'été ». Le ministre était resté assez évasif sur l'augmentation de la participation de l'Etat, à travers Sider, dans le complexe. « On avance sur ce dossier et les négociations seront conclues avant la fin de l'été». Sur ce dossier, Smail Kouadria, l'ancien secrétaire général du syndicat d'El-Hadjar, devenu député du PT, a été le seul vrai communicateur. Il avait indiqué qu'ArcelorMittal avait accepté de céder 21% de ses parts gratuitement à Sider, ce qui permet à ce dernier de reprendre la majorité de 51%. Le syndicaliste avait indiqué également que Sider se réservait le droit de racheter les parts d'Arcelor durant les sept prochaines années, le groupe mondial ayant aussi la possibilité de se désengager durant la même période. En clair, le droit de préemption de Sider est affirmé et le rachat des parts d'ArcelorMittal se ferait sur la base d'un prix prédéfini. L'annonce que Sider passe à 51% au « dinar » symbolique laisse entendre qu'elle n'aura pas à débourser pour prendre les 21% d'ArcelorMittal. Mais cette augmentation des parts du groupe public est-elle sans aucun apport ? Jusque-là, l'une des options les plus évidentes est que le changement des parts de l'actionnariat ne passe pas par le rachat des actions d'ArcelorMittal mais par une augmentation du capital du complexe. L'apport supplémentaire de Sider devait servir, dans cette configuration, à recapitaliser l'entreprise. Des informations ont évoqué une répartition du capital à 300 millions de dollars pour Sider contre 100 millions pour ArcelorMittal. Il est évident que le cap d'un retour du complexe d'El-Hadjar à au moins 51% pour le groupe public est pris. Un milliard de dollars à investir d'ici 2017 Mais au-delà du dinar «symbolique» évoqué, l'accord avec ArcelorMittal sera adossé un plan d'investissement où Sider devrait, en proposition de ses «51%», faire un apport de fonds plus important qu'ArcelorMittal. Jeudi dernier, l'agence APS, citant la direction générale d'ArcelorMittal/Annaba, a rapporté qu'un milliard de dollars sera investi entre 2013 et 2017 par ArcelorMittal/Annaba pour le renouvellement des structures et des équipements du complexe sidérurgique d'El-Hadjar. Ces investissements prévoient notamment la réhabilitation de la zone chaude par la modernisation du haut fourneau, ainsi que la réalisation d'une aciérie électrique. L'objectif est de porter la production d'acier liquide, actuellement de l'ordre de 580.000 tonnes/an, à 2,4 millions de tonnes, a indiqué à la direction générale d'ArcelorMittal. La production de 580.000 tonnes en 2012 est un échec relatif puisque l'objectif était d'atteindre 700.000 tonnes. Le complexe d'El-Hadjar a enregistré des pertes de 33 millions de dollars alors que le contexte économique national -5 milliards de dollars d'importations de produits sidérurgiques par an-est des plus favorables. L'investissement annoncé devrait relancer El-Hadjar en attendant la construction du complexe sidérurgique à Bellara dans le cadre d'une joint-venture avec Qatar Steel. ArcelorMittal va conserver le management après ce retour «symbolique» du complexe dans le giron de l'Etat. Pour rappel, El-Hadjar est passé en 2001 à 70% sous la coupe de Mittal (ISPAT à l'époque). Mittal a fusionné quatre ans plus tard avec Arcelor pour donner naissance au groupe ArcelorMittal.