Le Chef du gouvernement, Ali Larayedh, avait présidé, jeudi, une réunion consacrée à la situation sécuritaire en Tunisie, en présence des ministres de l'Intérieur, de la Défense nationale, de la Justice et des Affaires étrangères, ainsi que de hauts cadres militaires, sécuritaires et civils. Vendredi, Tunis évoque des « menaces terroristes réelles ». Moins de 24 heures plus tard, les forces de sécurité tunisiennes donnent l'assaut à une maison de Kasserine où étaient réunis des éléments djihadistes. En mai dernier, des informations faisant état de l'implantation de deux groupes terroristes, d'une dizaine d'individus chacun, à la frontière algérienne, l'un justement près de Kasserine, à une cinquantaine de kilomètre de la frontière algérienne, l'autre dans les environs de la ville du Kef, a poussé l'Algérie à renforcer la surveillance de sa frontière pour prévenir toute éventualité d'infiltration de terroristes sur son territoire. L'unité de la brigade antiterroriste qui a donné, dans la nuit, l'assaut, était à la recherche de Mourad Gharsalli, n°2 d'un groupe armé pourchassé depuis des mois sur les hauteurs de Chaambi, dans l'ouest de la Tunisie. Rappelons qu'une quinzaine de militaires tunisiens avaient été tués, près du mont Chaambi, dans la zone frontalière avec l'Algérie où l'armée tunisienne tente, en vain, depuis plusieurs mois de neutraliser un groupe terroriste, lié à Al-Qaïda. Agissant sur informations selon lesquelles Mourad Gharsalli était descendu du maquis pour rendre visite à sa famille, le groupe d'élite a donné l'assaut à la maison ciblée et des échanges de tirs ont duré une heure environ. Les djihadistes ont réussi à prendre la fuite et seuls un téléphone et quelques munitions ont été saisis. Par ailleurs, selon la radio tunisienne Mosaïque FM', un groupe de djihadistes a été localisé et assiégé à Jebel Semmama, près du mont Chaambi. Des renforts de l'Armée et de la Garde nationale ont été dépêchés sur les lieux. En septembre, l'Algérie avait mis en garde et prévenu la Tunisie contre une importante opération de contrebande d'armes qui était en train de se préparer. Cette opération, qui a pour origine le territoire libyen, consiste à transporter des armes vers l'Algérie ou la Tunisie. Rappelons que l'armée et la Gendarmerie traquent, depuis décembre 2012 un groupe armé au mont Chaambi, considéré comme une antenne d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi). Ce groupe est lié à l'organisation tunisienne «Ansar Al-Charia», classée récemment comme organisation terroriste et accusée de planifier des assassinats pour déstabiliser le pays. Dirigés par Abou Ayad, recherché par la police depuis l'attaque de l'ambassade américaine, à Tunis, en septembre 2012, les groupes salafistes armés ont , apparemment, décidé de se « sédentariser », alors qu'ils avaient toujours affirmé que la Tunisie n'était pas une « terre de djihad ». Par ailleurs, un expert militaire tunisien avait révélé, récemment, un plan préparé par des factions djihadistes -englobant 10.000 combattants- visant une incursion dans le sud de la Tunisie, à partir du territoire libyen. Quant au ministre de l'Intérieur tunisien, Lotfi Bendjeddou, il avait annoncé la mise en échec d'un plan terroriste visant à diviser la Tunisie en 3 « émirats islamiques ». En août dernier, le désormais ex-ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, Daho Ould Kablia, avait révélé que l'Armée algérienne avait renforcé ses moyens et ses capacités sur les frontières Est du pays, en raison des troubles que connaît la Tunisie. S'appuyant sur des vols quotidiens d'hélicoptères ainsi que des patrouilles des gendarmes garde-frontières avec l'implication des douanes algériennes et des éléments de la Police aux frontières (PAF), l'Algérie reste, constamment, à l'écoute des rumeurs djihadistes qui bruissent de l'autre côté de sa frontière.