La suspension de deux médecins spécialistes, chirurgiens dans un hôpital à Mascara, «n'est que l'arbre qui cache la forêt», nous a déclaré Dr. Mohamed Yousfi, président du Syndicat national des spécialistes de la santé publique (SNPSSP). Ces deux cas, car pour celui de la radiologue, nous n'avons pas assez d'information, confortent la position du SNPSSP qui s'est depuis longtemps opposé à l'activité complémentaire, instaurée depuis 1998», affirme notre interlocuteur qui rappelle que le syndicat «demande l'abrogation pure et simple de l'activité complémentaire» qu'il qualifie de «catastrophe pour le système de santé publique». «La situation n'est pas propre à Mascara. Elle existe dans toutes les villes du pays. L'activité complémentaire (qui permet à des praticiens spécialistes exerçant dans les établissements publics de santé d'avoir des activités dans le secteur privé, ndlr) n'apporte aucun plus aux simples citoyens. Elle n'arrange que les praticiens spécialistes et les propriétaires des cliniques et établissements privés», ajoute-t-il. «Les simples citoyens sont les seules victimes de ce système. Certains sont obligés de payer» pour des prestations médicales reçues «dans des hôpitaux», affirme encore Dr. Yousfi qui fait état de «l'existence de circuits bien huilés» dans les hôpitaux, permettant ce genre de pratiques «rarement dénoncées par les citoyens qui sont les victimes». «Paradoxalement, avec ce système, ce sont les privilégiés qui sont pris en charge dans les hôpitaux», dit-il encore. Le président du SNPSSP dit «ne pas comprendre» le retard pris par les pouvoirs publics pour interdire l'activité complémentaire. Il ne comprend pas non plus le refus du gouvernement de discuter le projet de loi déposé par des députés pour supprimer cette pratique. Selon lui, le gouvernement estime qu'il faut attendre l'avant-projet de loi sanitaire. «Un texte qu'on n'arrête pas de nous annoncer depuis 2003», précise encore Mohamed Yousfi. Pour lui, des «intérêts énormes» sont derrière le maintien de l'activité complémentaire. Car dans le cas de sa suppression, les cliniques privées «seront dans l'obligation d'avoir leur propre personnel». Selon notre interlocuteur, «plus de 80% de ceux qui exercent dans le privé viennent du public, mais ne sont pas déclarés dans le cadre de l'activité complémentaire». Pour le président du SNPSSP, les praticiens doivent pouvoir faire le choix d'exercer dans «l'un des deux secteurs (public ou privé)». Pour rappel, jeudi dernier le wali de Mascara avait annoncé que le ministère de la Santé, a suspendu trois médecins spécialistes exerçant dans des hôpitaux de la wilaya pour «infraction au système du travail». Dans une déclaration à la presse, en marge de la commémoration de la Journée nationale de l'émigration dans la commune d'Aïn-Farès, M. Ouled Salah Zitouni, a indiqué que les trois praticiens suspendus en début de semaine courante ont commis des actes contraires à la législation en vigueur. «Suite à des plaintes contre eux, l'enquête a révélé que deux spécialistes prenaient en charge, dans les structures de santé publique, des malades admis dans des cliniques privées moyennant finance. L'autre praticienne, une radiologue, a refusé de mettre en service le scanner dans un hôpital.»