Les habitants de l'unité de voisinage (UV) n°14, à la nouvelle ville Ali Mendjeli, de Constantine, ont, encore, vécu dans une atmosphère de terreur avec une reprise des affrontements violents entre bandes rivales, dans la soirée du 9 et la journée du 10 novembre. Après une nuit d'enfer, les hostilités ont repris avant-hier, vers la mi-journée, mettant aux prises des dizaines de jeunes, voire des centaines, dont les familles ont été évacuées des bidonvilles de Oued El Had et Fedj Errih. C'était un sombre tableau d'un no man's land', rapportent les témoignages des riverains des lieux, des jeunes munis d'armes blanches couraient, dans tous les sens, d'autres armés de grosses pierres s'attaquaient aux vitres des appartements et des voitures, ainsi que les établissements scolaires (une école primaire et un CEM) dont les directeurs ont, de ce fait, évacué les classes, renvoyant les élèves chez eux. Des enseignants qui se sont élevés contre les attaques menées par des bandes sauvages et qui ont caillassé les classes de cours, causant des dommages importants aux vitres et provoqué la fermeture des écoles, ont été agressés en dehors de l'enceinte des établissements scolaires, nous affirment des habitants de l'UV n°14. Le déploiement des services de sécurité, appuyés par la police anti-émeutes, les éléments de l'Unité républicaine de sécurité de la nouvelle ville Ali Mendjeli et tout un renfort de la police, venu de la daïra d'El Khroub, ont permis, finalement, de rétablir un ordre précaire, procédant, dans l'action du rétablissement du calme, à l'arrestation de 6 jeunes sous les griefs de « rassemblement non autorisé et destruction de biens publics et privés», alors que d'autres meneurs ou têtes de la «fitna», comme on les appelle, à l'UV n°14, qui se trouvent à l'origine de ces troubles violents, réussissent toujours à s'évaporer dans la nature, avant l'arrivée des forces de l'ordre public, indiquent des témoins de ces scènes. «Je ne peux pas nier l'implication des jeunes, arrêtés dans ces troubles, mais je vous assure que les véritables provocateurs se trouvent toujours en liberté, ils ne dorment même pas chez eux, par crainte de représailles ou d'arrestation par les services de sécurité», indique un riverain des lieux. D'autres soutiennent, en parlant des causes à l'origine de ces affrontements, qu'il s'agit d'une guerre de gangs entre de jeunes repris de justice, qui ont des rancunes, nées lors de leurs séjours derrière les barreaux, et des comptes à régler entre eux, seulement le conflit se prolonge, dans ce cas de figure, pour contaminer tout l'environnement, car les proches, les amis et les voisins sont, d'une manière ou d'une autre, entraînés dans le bourbier. Résultat de ce climat délétère: presque tous les jeunes circulent, désormais, avec des armes blanches dans les poches. Pour certains habitants, il ne s'agit ni plus, ni moins, d'une guerre de gangs pour accaparer les nouveaux territoires, vu la mentalité qui prévalait dans les bidonvilles où les périmètres de prédilection, servant à l'écoulement de la drogue, de l'alcool et autres aires de jeux, étaient situés loin les uns des autres. «Bien sûr, tout commence par des faits anodins, des jeunes qui se bagarrent et qui font propager le conflit sur une plus grande échelle, mais dans le fond, maintenant qu'ils (ndlr, les ex. habitants des bidonvilles de Oued El Had et ceux de Fedj Errih) se trouvent dans un même espace, chacun essaie de montrer ses muscles pour dissuader l'autre de s'approcher de son territoire », résume un habitant, les raisons de cette montée de la violence dans les quartiers fraîchement occupés. Rappelant que ces violences ont débuté, au premier jour de l'Aïd El Adha, et ne semblent guère s'atténuer avec le temps, comme cela a été le cas pour des situations similaires, vécues par les nouveaux relogés. «Nous avons fait appel à des imams qui officient à Oued El Had et qui ont, donc, des familiarités, notamment avec les parents des jeunes acteurs de ces violences, mais rien n'y fait, les affrontements se calment par moments, mais ils reprennent à l'improviste, à tout instant du jour ou de la nuit », nous dira un père de famille, qui ajoute, dans ce sens, qu'il ne laisse plus ses enfants aller à l'école, depuis quelques jours, vu les risque qui pèsent sur leur sécurité. D'autres habitants n'ont pas manqué de saluer le travail opéré par les services de sécurité, jugeant que c'est grâce à eux que le calme est, à chaque fois, ramené sur les lieux, tout en estimant, dans ce contexte, que la responsabilité des parents est, entièrement, engagée dans ces tristes évènements, non sans rappeler le cas de cet adolescent arrêté par les services de sécurité lors de ces dernières nuits mouvementées, dont le père dormait, à poings fermés, lorsqu'il a été contacté par la police à propos de l'arrestation de son fils ! Eclatement de la cellule familiale, démission des parents, absence d'un cadre associatif efficace et d'autres facteurs encore qui devraient intéresser les adeptes des Sciences sociales et humaines, sont autant de raisons qui poussent les jeunes à s'entredéchirer, dans la rue. Les mêmes scènes de violences, imposées par la guerre des gangs, sont vécues, simultanément, à travers plusieurs régions du pays.