Plusieurs bagarres, entres bandes rivales, ont éclaté, dans des nouvelles cités, à Alger. Les plus récentes, ont été enregistrées à Baraki et Ain Melha (Ain Naâdja). Pour les services de sécurité, il ne s'agit pas de guerre de gangs, à l'américaine ou à la colombienne, mais d'une nouvelle forme de violence, exprimée par de jeunes chômeurs et adolescents qui ne trouvent pas leur compte dans « des cités-dortoirs, sans âme». Les services de sécurité ne cautionnent pas les faits, ils agissent, conformément, à leur mission préventive. La Gendarmerie nationale, a, dans ce sens, saisi, durant 3 jours d'intervention, 172 cocktails Molotov' et plus de 35 armes blanches (sabres, couteaux, fusil de signal de pêche), et une arme à feu automatique. 35 personnes ont été arrêtées dont 24 écrouées. Toutes les perquisitions ont été faites, dès l'aube, avec de gros moyens, précise le colonel Ghali Belkacir, commandant de groupement de Gendarmerie d'Alger. «Nous avons mobilisé 500 gendarmes pour 45 perquisitions à domicile», a-t-il souligné, en regrettant l'absence de l'autorité parentale et parfois celle de la sagesse, chez certains parents. La dernière intervention des services de la Gendarmerie a été faite, mercredi dernier, à Smar (Ain Naâdja) où 11 personnes ont été arrêtées, et avec, la saisie de 7 jerricans de liquide servant à la préparation des cocktails «Molotov», au sein même des domiciles. L'on comprend que ces jeunes chômeurs, marginalisés, trouvent, souvent, refuge dans la violence, mais ce qui est incompressible c'est l'attitude des parents et des personnes plus âgées. Certaines familles sont, aussi, complices dans les faits par leur silence. «On reçoit des appels pour intervention. Dès qu'on est sur les lieux, tout le monde s'éclipse, ce qui nous amène à demander auprès du procureur des mandats de perquisition, à domicile». Et de préciser «ça prend du temps car il ne s'agit pas d'un seul domicile mais de plusieurs», a souligné notre interlocuteur. Tout le monde se plaint mais personne ne veut déposer plainte. «Tout le monde est coupable et tout le monde est victime, ce qui rend la tâche inextricable». Interrogé sur le facteur déclencheur de ces «bagarres», le colonel a affirmé que le prétexte est, pour la totalité, des cas «futiles». Pour histoire de drague et de fille de quartier, pour des expressions «perçues péjoratives, et j'en passe». L'officier a précisé que les services de la Gendarmerie veillent à la sécurité des personnes et des biens. «Nous avons créé des sections sécuritaires d'intervention. Celles que nous avons mobilisées, l'année écoulée, pour le cas des 1.600 logements de Sebella à Draria, une situation qui nous a poussés à trouver des mécanismes d'interventions efficaces, pour mettre fin à l'insécurité et aux affrontements qu'a connus cette cité, l'an dernier, durant de longues périodes». Et d'ajouter: «ça s'est calmé, ça fait presque un an et tant mieux». Notre interlocuteur a affirmé que les cités de Baraki et de Ain Melha connaissent, aujourd'hui, un calme précaire. «Nos services ont assuré leur action préventive, en arrêtant les auteurs ou les meneurs de ces troubles, mais il faut admettre une chose, le tout sécuritaire n'est pas une solution, à 100 %, efficace, dans ce genre de situation». Il poursuit, les pouvoirs publics, à leur tête les collectivités locales, la société civile, le ministère de la Jeunesse et des Sports, psychologues et sociologues, doivent conjuguer leurs efforts pour venir en aide à cette frange de société. «Des jeunes, voire des adolescents qui ne sont ni à l'école, ni au travail et qui, faute d'infrastructures sportives, n'arrivent même pas à extérioriser leur énergie» Le commandant de groupement de la Gendarmerie d'Alger a remis en cause, pour sa part, la politique d'urbanisation. Il a affirmé qu'il est vrai que les pouvoirs publics ont réduit le problème de logement, mais nos autorités ne parviennent, toujours pas, à assurer l'embellissement des zones urbanisées, ni l'aménagement des espaces sportifs pour les jeunes, avec l'erreur d'un grand rapprochement des immeubles, les uns contre les autres. Mieux, ces jeunes trouvent refuge, le soir, dans des locaux inachevés, lieux de débauche et de tous les maux, au lieu de se disperser à travers des cybercafés, des salles de jeux et de sport. Enfin, il nous a été précisé, à la Gendarmerie nationale, que ce phénomène est plus fréquent dans la wilaya d'Alger que dans d'autres wilayas du pays.