Le CRIDISH (Centre de recherche, d'information, de documentation en Sciences humaines), relevant de l'Université Es Senia d'Oran, sis à la rue Larbi Ben M'hidi, est en chantier, depuis plusieurs mois. Pire, le chantier est à l'arrêt, ce qui suppose que cette institution est appelée à demeurer à l'arrêt encore. Ceci pénalise les étudiants et la communauté universitaire, et enlaidit par la même le quartier où se trouve ce centre. Ce centre fait piètre mine, face au siège de l'Institut français (ex CCF) où des bandes de jeunes, à l'air épanoui, rentrent et sortent et dont les affiches d'annonce de ses activités enjolivent sa façade. Alors que l'enseigne du CRIDISH, difficilement lisible, dénote du délabrement et du laisser-aller. Depuis longtemps, le CRIDISH a cessé d'être un repère, une destination et un lieu de fréquentation pour étudiants et enseignants. Il a baissé les bras et a renoncé à concurrencer le CCF, en matière d'activités culturelles et scientifiques, puis a déserté le terrain de l'animation de cette partie de la ville, au profit de l'institution française. Pourtant, ce centre a connu ses moments de gloire. Des intellectuels de renommée internationale s'y sont rendus pour y donner des conférences et animer des débats, parfois houleux et passionnés. Il y a à peine quelques années Sfaier, l'intellectuel français d'origine libanaise, a présenté une conférence où il devait « vendre » le projet de l'UPM (Union pour la Méditerranée) cher à Sarkozy, le président français d'alors. L'étoile de ce centre a brillé, surtout, quand sa direction a été confiée à feu Abdelkader Djeghloul grâce à qui, avec un minimum de moyens (uniquement une ligne téléphonique partagée entre le directeur, les secrétaires et même des personnes étrangers au centre), est devenu une référence universitaire notamment par les publications intitulées « Cahiers du CRIDISH), réalisées à l'aide d'une ronéo. Toute une génération d'universitaires, qui enseignent actuellement en France et ailleurs, ont affûté leurs armes dans la recherche, dans ce centre, tels Abderahmane Moussaoui, Touati Houari, Mohamed Benkheira, Fatiha Talahite, Gafaïti Hafid... Méliani El Hadj, référence incontournable quand il s'agit des cultures populaires, y a, lui aussi, publié ses premiers écrits sur le Raï. Notons que Khalida Toumi, l'actuelle ministre de la Culture, elle aussi, a fait ses classes (de militantisme et de formation politique) dans ce centre, dans le cadre du GRFA (Groupe de recherche sur les Femmes algériennes). Les universitaires et les intellectuels maghrébins, notamment tunisiens, ont découvert Oran suite à des invitations à des colloques que le Centre organisait et abritait. Comment ce centre s'est-il sclérosé et a fini par perdre tout éclat ? Un travail de recherche, dans ce sens, ne sera pas une simple coquetterie intellectuelle. Il nous renseignera, à coup sûr, sur le statut de la Recherche, dans notre société, peut être conséquent au système de nomination (ou de cooptation) des responsables des institutions universitaires. Signalons que le musée d'El Moujahid, autre établissement culturel mais relevant d'une autre tutelle, se trouve, lui aussi, dans un état des plus déplorables. Il peine, par exemple, à honorer une facture d'électricité depuis trois ans.