Les quatre auteurs présumés de l'assassinat du patron d'une usine de fabrication de chewing-gum, commis fin décembre dernier dans la ville d'Oran, ont été présentés, hier vendredi, devant le juge d'instruction près le tribunal d'Oran, qui les a placés sous mandat de dépôt pour les chefs d'accusation d'homicide volontaire avec préméditation et guet-apens, association de malfaiteurs et vol qualifié, a-t-on appris de sources proches de l'affaire. Arrêtés récemment par la police, dans le cadre de l'enquête préliminaire menée par la brigade criminelle de la sûreté de wilaya d'Oran, sur l'assassinat de Lachachi Badreddine, 56 ans, les quatre mis en cause, des repris de justice, trentenaires, ont été déférés devant le procureur de la République près le parquet du tribunal d'Oran, sis Cité Djamel, qui, conformément à la procédure en pareil cas, les a, à son tour, renvoyés devant le magistrat instructeur près la 2e chambre. Outre les quatre individus impliqués dans ce crime, le juge d'instruction a également auditionné les parties civiles, en l'occurrence les familles respectives du défunt et du gardien qui était en faction à l'accès du point de vente de l'usine, un local situé à la rue commerçante Soufi Zoubida, dans le quartier de Boulanger. Diligentée dans la plus grande discrétion, l'investigation policière a pu ainsi élucider, en un délai plutôt court, cette affaire criminelle et non moins dramatique, qui paraissait d'emblée autant compliquée qu'obscure. Toutes les pistes ont été envisagées dès le départ par les enquêteurs, qui, chemin faisant, n'en ont exclu aucune. Et contrairement au bruit qui courait dans la rue, laissant croire que l'abominable crime avait une relation avec un sale règlement de comptes, les enquêteurs ont, quant à eux, presque dès le début, privilégié la piste du vol et ce, sur la base d'un faisceau d'indices convergents. Sans préjuger de la présomption d'innocence, la suite des évènements leur donnera raison, a priori, puisque l'hypothèse du mobile en rapport avec le vol ciblant ce commerce a été confortée suite à l'arrestation d'un membre de la bande, qui aurait reconnu que le coup perpétré avait pour objet premier, la recette de l'établissement, à en croire les versions concordantes des mêmes sources. Grâce aux aveux du même mis en cause, qui a été identifié par le gardien agressé et neutralisé par le gang dans le feu de l'action, les trois autres complices seront appréhendés, dont le propriétaire -et conducteur en même temps- du véhicule avec lequel le groupe avait fait son coup, une Chevrolet grise métallisée. Néanmoins, l'arme du crime, un couteau, ne figurait pas dans le lot des pièces à conviction présentées au parquet; un détail sans grande conséquence, du reste, sur le sort de l'affaire en soi. Le mobile du cambriolage ayant été conforté par tous les éléments, après que le récit de l'acte revanchard eut fait tache d'huile sur la place d'Oran et bien au-delà, ce «rétablissement» de la vérité a eu un effet consolateur et d'apaisement moral sur les proches et amis du feu Lachachi, qui ont de tout temps soutenu que le défunt n'avait aucun ennemi, ni dans sa vie privée ni dans son milieu d'affaires. Il était 12h30, rappelle-t-on, lorsque des individus -dont on connaît maintenant le nombre- se sont introduits dans le local de ce patron d'une usine de chewing-gum, par ailleurs pionnier de cette filière à l'échelle de l'Oranie. Les assaillants s'en sont pris d'abord au gardien qu'ils ont tabassé, blessé à coups de couteau, puis ligoté au moyen d'un ruban adhésif. Ils ont ensuite accompli leur forfait, tuant M. Lachachi dans son bureau à l'aide de la même arme blanche. Ce sont les cris du gardien qui ont donné l'alerte. Et aussitôt l'information parvenue aux services du commissariat central d'Oran, les policiers se sont rendus sur les lieux du crime pour faire le constat et ouvrir une enquête. Les éléments de la police scientifique de la sûreté de wilaya se sont rendus également sur place pour essayer de trouver des indices pouvant conduire aux assassins.