Le RND dont la cohésion avait semblé avoir été ébranlée par le mouvement de contestation interne dont fut la cible son ex-secrétaire général Ahmed Ouyahia l'ayant contraint à la démission, donnait l'impression de tergiverser sur son soutien à un quatrième mandat pour Bouteflika dont le FLN en a fait son cheval de bataille. De fait et alors que les autres formations du camp de la mouvance présidentielle appelaient avec insistance et récurrence Bouteflika à faire acte de candidature, le RND s'est limité à réitérer son soutien au programme de celui-ci et sa « fidélité » à sa personne mais sans se prononcer franchement sur la question controversée du quatrième mandat. Sa « retenue » en la matière a été décryptée par des observateurs et des analystes comme exprimant une prise de distance par ce parti à l'égard du camp présidentiel, indice donc qu'il serait sous influence du cercle du pouvoir acquis à une autre option que celle du quatrième mandat. Le RND a infligé un démenti sans équivoque aux tenants de cette lecture de sa position en rejoignant avec «enthousiasme » le camp des suppliants pour un quatrième mandat. L'annonce en a été faite par Abdelkader Bensalah à l'ouverture de la session extraordinaire samedi du conseil national du RND. Bensalah s'est essayé à convaincre que la décision du RND aurait été mûrement réfléchie au sein du parti et qu'elle se serait imposée à lui au «vu de la conjoncture nationale et internationale» et en prenant «en considération les réalisations économiques, politiques et sociales de Bouteflika et la demande des militants du RND à travers le pays». La messe étant dite pour ce qui est du ralliement du RND à l'option du quatrième mandat, il en est qui vont persister à se bercer de l'illusion que Bouteflika ne sera pas postulant à sa propre succession. Illusion à laquelle des formations de l'opposition et non des moindres ne s'accrochent plus après l'avoir entretenue. Il en est ainsi du MSP et du RCD qui ont opté pour le boycott de l'élection présidentielle au motif que la candidature de Bouteflika, pour eux désormais chose certaine, va faire que le scrutin du 17 avril sera « fermé » et sera la confirmation « qu'il y a une absence d'une vraie opportunité pour le changement politique » à travers ce rendez-vous électoral. L'autre « pointure forte » de l'opposition, le FFS, ne s'est pas encore déterminée, mais tout indique dans les déclarations de sa direction collégiale qu'il ne sera pas à ce rendez-vous mais sans peut-être appeler au boycott comme l'ont fait les deux formations précitées. Entre les partis de sa composante qui ont décidé de participer à la compétition électorale que Bouteflika y concourt ou non, ceux qui ayant intégré qu'il va être candidat ont opté pour la boycotter et ceux qui «hésitent» encore à se prononcer, l'opposition a du mal à convaincre qu'elle sera un acteur crédible à l'occasion de l'élection présidentielle prochaine. Alors même qu'elle crédite auprès de la population la perception que cette élection présidentielle a des enjeux cruciaux pour le pays, elle se présente à elle en ordre dispersé, ses segments ayant été incapables, malgré leurs analyses convergentes sur la nocivité du pouvoir en place et celle encore plus grande de sa pérennisation au-delà de 2014, de s'entendre sur un minimum autour duquel fédérer leur action. Qu'elle cesse au moins de justifier ses impuissances par la seule manipulation machiavélique du champ politique par le pouvoir et se penche enfin sur ses tares qu'elle feint de ne pas voir et en perpétue la charge rédhibitoire sur les citoyens.