« La question de savoir si Bouteflika est candidat ou pas fait partie du passé», a martelé ce samedi Amar Ghoul en réponse aux interrogations sur le sujet que lui ont adressées les journalistes présents au point de presse qu'il a animé en sa qualité de président du parti TAJ. Et pour leur signifier dans quel sens la question a été tranchée, il leur a annoncé le lancement dimanche par son parti de la collecte de signatures au profit du candidat Abdelaziz Bouteflika. Depuis une quinzaine de jours et malgré le scepticisme qui régnait sur l'éventualité de la candidature de Bouteflika, les partisans de celle-ci se sont faits plus catégoriques dans leur déclaration et ont donné l'impression d'avoir été «briefés» dans ce sens. Jeudi, la rumeur s'est répandue que Bouteflika avait retiré les formulaires qui vont permettre à son camp de procéder à la récolte des signatures nécessaires. Bien qu'elle a été démentie par le ministère de l'Intérieur, il n'en demeure pas moins que l'on assiste en tout cas depuis le week-end dernier à une effervescence notable dans le camp des partisans du quatrième mandat lequel a notablement enflé avec le ralliement à lui d'une quarantaine de «partis». L'opération a été menée par justement Amar Ghoul qui en l'occurrence a incontestablement damé le pion au FLN de Amar Saadani dont l'on en attendait en toute logique que ce soit lui qui jouerait ce rôle fédérateur du camp des partisans du quatrième mandat. L'alliance rassemblée par Amar Ghoul et le TAJ s'est dénommée «groupe de fidélité et de stabilité». Sur le papier, elle donne l'impression de constituer une machine électorale puissante. Dans la réalité, elle n'est qu'un conglomérat de sigles partisans. Hormis le TAJ d'Amar Ghoul, les trente autres partis qui l'ont contracté se réduisent à leurs sigles et à leurs membres fondateurs dont la plupart sont totalement inconnus du grand public. L'opération d'Amar Ghoul s'inscrit dans la manœuvre du camp présidentiel visant à accréditer l'illusion que la candidature de Bouteflika est une demande populaire dont le grand nombre de partis et organisations sociales qui s'y est rallié démontrerait l'authenticité. Ce montage surréaliste de la séquence d'une quarantaine de formations partisanes cacophoniques par ce que l'on sait de leurs «programmes politiques» et propositions suppliant, la larme à l'œil, Bouteflika de rempiler pour le «bien et l'intérêt national» a été concocté de longue date et sa réalisation rendue possible par les autorisations d'existence délivrées à tour de bras à ces «particulets» par l'ex-ministre de l'Intérieur Daho Ould Kablia. Il faut reconnaître également qu'en face les partis qui se sont positionnés contre le quatrième mandat ne pèsent pas plus lourd en terme de représentativité et d'influence que les «accros» à lui. A s'en tenir au face-à-face de ces prétendus partis politiques, c'est incontestablement un boulevard électoral qui s'offre à Bouteflika au cas où il sera réellement candidat. Benflis ou Benbitour, les deux personnalités qui émergent pour l'instant du lot des candidats à la candidature, sauront-ils, pourront-ils démentir ce pronostic ?