Les vieux démons semblent poursuivre la Tunisie qui, juste après la formation d'un gouvernement de technocrates et l'adoption d'une nouvelle Constitution, est soudain plongée dans les bras de la violence terroriste. Coïncidence ou pas, c'est presque une année après l'assassinat du syndicaliste Chokri Belaïd qu'un groupe terroriste fait irruption dans l'un des quartiers les plus huppés de Tunis. Comme pour rappeler que si la crise politique qui a submergé le pays durant six mois a été relativement vaincue par l'émergence d'un gouvernement attelé à préparer les élections législatives et la présidentielle en 2014, la crise sécuritaire reste entière. C'est dans la nuit de lundi à mardi qu'un groupe de terroristes au nombre indéterminé a été encerclé au quartier Raoued, dans la banlieue de Tunis. L'apparition de ce groupe terroriste en pleine capitale tunisienne rappelle également que les groupes terroristes du mont Chaambi, près de la frontière algérienne, n'ont toujours pas été délogés par l'armée tunisienne. Mardi, le ministère tunisien de l'Intérieur a annoncé qu'un gendarme et sept terroristes ont été tués dans des échanges de tirs au quartier de Raoued, entre le groupe terroriste assiégé et les forces de sécurité. «Un garde national et sept terroristes ont été tués» lundi en fin d'après-midi, a affirmé le porte-parole du ministère tunisien de l'Intérieur, qui a refusé de donner d'autres précisions sur cette opération «terminée en milieu d'après- midi». La maison où s'était réfugié le groupe terroriste appartiendrait à des émigrés tunisiens. De violents échanges de tirs étaient entendus par les riverains. Selon le ministère de l'Intérieur, «des négociations pour tenter de les capturer vivants» avaient été entamés dans la soirée de lundi, sans succès. Mardi, l'accès à Raoued était bloqué sur une distance de quatre kilomètres de cette localité. Aucune information officielle n'a été donnée sur l'identité de ce groupe. Pour autant, des sites tunisiens croient savoir que des membres de ce groupe étaient au mont Chaambi et avaient participé à l'assassinat par armes blanches de membres des forces de sécurité tunisiens. La situation sécuritaire en Tunisie, en dépit d'une amélioration, reste inquiétante. D'autant que les Tunisiens s'apprêtent à commémorer cette semaine l'anniversaire de l'assassinat politique de Chokri Belaïd et Mohamed Brahimi, même si les autorités n'ont donné aucun résultat des enquêtes ouvertes pour déterminer les responsables et les responsabilités de leur assassinat. Les autorités tunisiennes ont attribué leur assassinat au groupe terroriste Ansar Charia, accusé d'être lié à Al-Qaïda. Sur le front politique, partis et société civile ont fait taire leurs divergences pour adopter une nouvelle Constitution et s'entendre sur la nomination de Mehdi Jomaa comme nouveau Premier ministre en remplacement de Ali Larayedh, du parti Ennahda. Le nouveau gouvernement tunisien, salué par les capitales occidentales, a cependant du pain sur la planche, puisqu'il doit préparer des élections législatives, en prélude à une présidentielle prévue avant fin 2014, selon l'agenda politique convenu entre les différents partis tunisiens. Le tout dans un climat sécuritaire exécrable. La bonne nouvelle est que cette avancée politique a incité le Fonds monétaire international (FMI) à débloquer 506 millions de dollars de prêts pour la Tunisie. Un prêt qui permet d'oxygéner l'économie tunisienne, étouffée par une lente crise économique marquée par le gel des activités des grands groupes industriels étrangers. Pour 2014, la Banque mondiale ne table que sur une croissance de 3%, un rythme insuffisant pour réduire réellement le chômage endémique qui mine le pays, détonateur de la révolution de jasmin en 2011.