L'opposition à un quatrième mandat pour Bouteflika s'avère plus importante que n'en disent le Premier ministre Abdelmalek Sellal et les autres thuriféraires pour en atténuer l'effet levée de boucliers qu'elle prend. D'ailleurs les autorités en ont pleinement conscience qui font tout pour l'étouffer et la rendre inaudible. Ne pouvant ouvertement interdire son expression, elles lui ont fermé l'accès aux médias lourds publics qui en ignorent systématiquement les manifestations qu'elles soient le fait de candidats à la présidentielle officiellement enregistrés, de partis légaux ou de personnalités prêchant contre le quatrième mandat. En somme, à l'ébullition que suscite ce quatrième mandat annoncé, elles opposent à ses détracteurs un verrouillage autoritaire et arbitraire qui contrairement à ce qu'elles en attendent risque de transformer cette ébullition en explosion de colère dont la rue en sera la scène. L'alerte leur en est donnée avec les appels à manifester qui sont lancés par le biais de Facebook. Ils sont l'indice que des opposants au quatrième mandat sont déterminés à traduire leur rejet de celui-ci autrement que par des prises de position platoniques. L'échec hier d'une manifestation anti-quatrième mandat convoquée au centre d'Alger par la voie de Facebook a pu apparaître comme celui d'une opposition ayant recherché la confrontation n'excluant pas la violence pour se faire entendre. Pour autant, la tentative dénote que l'indignation que soulève la perspective d'un quatrième mandat est un terreau propice au développement d'une stratégie du « boycott actif » du scrutin présidentiel à laquelle des partis et des personnalités politiques ont décidé de recourir et appelé les citoyens à y prendre part. La menace d'une telle stratégie électorale dans un climat électrique et facteur de débordements imprévisibles n'échappe pas au pouvoir qui n'a trouvé d'autre parade que celle d'en diaboliser ses tenants et d'user à leur encontre de l'autoritarisme administratif et de la dissuasion policière. Ce qui ne ramènera pas pour autant la controverse suscitée par l'option du quatrième mandat à s'exprimer uniquement par le débat contradictoire. Le pouvoir a pris le risque d'un passage en force pour imposer son scénario, méjugeant en cela la force de l'opposition populaire qu'il soulève. Laquelle n'hésitera pas à aller à la confrontation au constat que ce pouvoir n'a pour but que de rester en place et la préservation des intérêts des groupes le constituant. Il n'est pas à exclure que le prétexte anti-quatrième mandat soit l'étincelle qui produirait le « printemps algérien » tant souhaité et rêvé par les milieux étrangers qui ne portent pas notre pays dans leur cœur. Mais c'est le pouvoir qui se prétend le rempart de la souveraineté nationale et le garant de la stabilité du pays qui en sera alors celui qui l'aura rendu possible en réduisant son peuple à une entité dont le seul rôle est d'applaudir à ses errements.