Les syndicalistes du complexe sidérurgique ArcelorMittal Annaba, eux-mêmes soumis à une pression des travailleurs, sont revenus, hier, à la charge pour mettre toute la responsabilité sur leur direction générale dans le cas où les choses aillent vers le pire. Rappelons que le 25 février dernier, les syndicalistes ont tiré la sonnette d'alarme sur «les dépassements et les agissements abusifs» de la direction des ressources humaines et n'ont pas manqué de préciser que les mouvements de protestation sont reportés pour l'après- élection présidentielle, mais ce répit est vraisemblablement tombé à l'eau. Dans un communiqué transmis hier à notre rédaction, le syndicat d'entreprise «décline toute responsabilité de ce qui pourrait se produire au niveau du complexe suite aux licenciements abusifs, au non-respect du pacte social et d'investissement, surexploitation des travailleurs en heures supplémentaires et non-respect de l'organigramme et de la convention collective». Se dirige-t-on tout droit vers une autre grève dans les prochains jours ? «Rien n'est exclu dans ce climat de tension et d'absence de bonne volonté pour régler les problèmes socioprofessionnels, maintenant, tout est entre les mains des travailleurs, c'est à eux que revient la décision des suites à donner aux provocations de la DRH», nous a déclaré hier à ce propos le porte-parole du syndicat d'entreprise du complexe sidérurgique, M. Ammouri. Ce dernier avoue que tous les travailleurs sont convaincus que le partenaire étranger est en train de saborder l'outil de travail, visant clairement la mise sur le carreau de la moitié des salariés à travers les pertes qu'il fait subir au complexe, des pertes évaluées à 2,5 milliards de centimes par semaine. Pis encore, profitant justement de la conjoncture que traverse le pays et qui a fait que le syndicat d'entreprise tempère un peu ses positions, le partenaire étranger semble se précipiter à mettre à exécution ses plans qui ni plus, ni moins, qu'un anéantissement de l'effort de travail et une liquidation en bonne et due forme du complexe. Enfin, il est probable que cette conjoncture que traverse le pays ne serve pas uniquement les intérêts de ceux qui veulent tirer profit d'une accalmie imposée par la circonstance, car elle peut faire figure d'un atout entre les mains des syndicalistes et des travailleurs pour faire pression sur les pouvoirs publics et les inciter à intervenir pour «remettre les pendules à l'heure». C'est le souhait des syndicalistes, qui ne veulent pas être «dans la contrainte de gérer un conflit dont les conséquences sont imprévisibles ou incalculables lorsqu'on sait pertinemment que certaines parties guettent le moindre mouvement de foule pour semer le trouble», rappelle-t-on.