La nouvelle vague anarchiste ébranle le monde contemporain comme il ya un siècle, avant la première guerre mondiale, sans distinction de culture, de langues ou de religion. On y trouve des néo-fascistes, des néo-nazistes, des néo-islamistes et des néoconservateurs. Paradoxalement, leurs intérêts convergent. Selon les différentes définitions du chaos, la plus complète est celle-ci : La théorie du chaos traite des systèmes dynamiques rigoureusement déterministes, mais qui présentent un phénomène fondamental d'instabilité appelé «sensibilité aux conditions initiales» qui, module une propriété supplémentaire de récurrence, les rend non prédictibles en pratique à «long» terme. En constatant la simultanéité des événements, la coïncidence des agitations et la disparité géographique, culturelle et religieuse des pays (systèmes dynamiques) ou ce genre de phénomène d'instabilité est observé(les révoltes), on ne peut qu'admettre qu'ils tombent tous sous le qualificatif récurrentiel. Temporellement ce phénomène est observé depuis 1989, c'est à dire à partir de la chute du mur de Berlin avec une récurrence décennale. Toutes les régions géopolitiquement importantes et les pays pivot y passent sans exception : La zone MENA, l'Ukraine, les pays du Caucase, l'Ex-Yougoslavie, l'axe Pakistan-Afghanistan et jusqu'à l'Amérique du sud. Le Moyen-Orient a toujours été une région sensible où se sont affrontés l'Orient et l'Occident, mais également les grandes puissances. De 1945 à 1989, elle fut le champ clos de la guerre froide sur fond de conflits israélo-arabes. Aujourd'hui ces zones se trouvent au cœur de turbulences d'une ampleur inconnue jusqu'alors qui représentent pour les pouvoirs en place un danger majeur. Ces pays sont ou vont être en plein naufrage politique, économique, sécuritaire et social. Soit ils sont paralysés par un jeu d'influences contradictoires, par un spectre de guerre civile interminable ou par un risque de scission. Les questions de paix ou de souveraineté sont dans l'impasse. Des acteurs non étatiques qui recourent à la violence se sont multipliés ; des Etats se sont écroulés ou se délitent dans une sorte de processus de «somalisation» ; la menace terroriste s'est globalement amplifiée. Face à cette situation, les ripostes des Etats menacés ou des zones touchées par ce fléau, réfléchi, planifié et commandité par des puissances connues, exécuté par des clans, des bandes, des brigades néo-anarchistes de tout bords et des «alliés» malhonnêtes et malveillants , doivent être rigoureuses et sérieusement préparées, ou le plus important élément est l'aspect humain, la solidité et la stabilité intrinsèque. La Russie est de retour dans une zone traditionnelle d'influence. Il en résulte que les perspectives d'avenir, aussi bien pour notre pays que pour ses zones, si les tendances actuelles devaient se confirmer, sont préoccupantes. On peut craindre des évolutions radicales, un chaos généralisé. Au mieux se vérifierait une évolution comme un processus de dégradation progressif et modulé selon les pays. De telles évolutions ne sont pas une fatalité. Pour arrêter l'engrenage qui pourrait nous mener vers des violences ou des révoltes qu'on déjà connu d'autres pays voisins ou des zones tombées sous la menace d'une telle évolution, il convient que, du côté de notre pays, se développe une politique plus déterminée et soutenue. Mieux organiser notre politique étrangère dans la région ce qui passe, notamment, par la mise en place de structures autonomes et réactives permettant de mieux appréhender les problèmes afin d'anticiper les actions des autres organes politiques et de sécurité en direction du Maghreb en apportant aux pays de la région une offre multisectorielle plus dense et mieux adaptée et en activant les solutions politiques aux différents conflits, dont l'Algérie a le secret. Accentuer notre coopération avec des partenaires d'influence, notamment en établissant une coopération renforcée ave certains de nos partenaires stratégiques, en vue de réduire les sources de tension. Commencer dés maintenant a instauré un système réellement démocratique en développant une politique d'influence auprès des «forces vives» de la région et auprès des sociétés civiles. Contribuer efficacement à la solution des principales crises régionales en procédant par des actions ciblées accompagnées par des démarches diplomatiques effectives. Si l'on regarde les zones de conflits, ainsi que la vaste zone du Sahara, on voit se dessiner un arc de crises ouvertes, une simultanéité de celles-ci, sans précédents dans l'histoire de la région. De multiples liens s'établissent désormais entre chacun de ces conflits ; les hommes et les idées circulent d'un bout à l'autre de l'arc. Un début de «somalisation» d'une partie de la région est observé dans un contexte de repli sur des bases communautaires, confessionnelles ou tribales. Cette situation de crises est d'autant plus préoccupante qu'elle survient dans une région bloquée politiquement, socialement et économiquement. D'autre part, les retards dans tous les domaines du développement s'accumulent, comme le rappellent les différents rapports du Programme des Nations unies pour le Développement, suscitant le désespoir des populations, notamment des jeunes et des personnes qualifiées, qui cherchent dans l'émigration à tout prix la solution de leurs problèmes. Un certain nombre de pays se fracturent ; le reste est secoué par un début de conflits tribaux, confessionnels ou par un risque de scission. Le statu quo, au sens strict du mot, est peu concevable tant les équilibres existant sont précaires. Dans les faits, le Moyen-Orient restera encore pendant de nombreuses années une zone d'instabilité: l'influence des mouvements islamistes persistera, le risque terroriste à l'intérieur de la zone perdurera. En Algérie, le régime doit impérativement avoir la volonté politique à promouvoir de son propre chef la réforme et la démocratie. En changeant nos équipes politiques, ça nous amènerait à reconsidérer nos priorités, redéfinir nos objectifs, renouveler nos contacts. On peut également s'interroger sur la validité de nos priorités. En forçant le trait, nous jouons un rôle majeur dans les problèmes mineurs et un rôle mineur dans les problèmes majeurs. A l'échelle de la zone, on peut se demander si nous n'avons pas laissé s'effriter la priorité qui nous lie naturellement au Maghreb. Plus généralement, nous semblons avoir perdu de vue la cohérence de la construction régionale. Nous avons laissé ce partenariat s'enliser sans marquer autant que nous aurions pu le faire l'importance majeure qu'il revêt à moyen terme pour l'Algérie et pour les autres pays. De même, nous avons semblé nous résigner à ne figurer qu'à la marge dans les problèmes globaux de la région Sahélo-Saharienne. Cette réévaluation de notre politique régionale doit sans doute prendre en compte nos acquis qu'il s'agit de consolider ainsi que nos atouts pour en assurer la mise en valeur ; mais elle doit surtout être guidée par une vision de notre relation qui soit plus moderne, plus ouverte, plus audacieuse, en tout cas conforme aux intérêts et aux problèmes de notre région commune aujourd'hui et dans les vingt prochaines années.