Par devoir de mémoire nous ne cesserons de se remémorer le sinistre et douloureux mardi du 8 mai 1945, qui symbolise, toujours, le jalon lumineux, dans les strates fondamentales de l'histoire du mouvement national algérien où l'ordre colonial avait montré son vrai visage sanguinaire et barbare. 69 années après, on revisite l'histoire de notre longue marche et la mémoire collective se dresse, encore, dans son immuable défi à se positionner dans l'aura universelle pour remettre les axiomes de l'histoire à leur juste valeur. Comme à l'accoutumée, la chorégraphie commémorative, à Guelma, est marquée par la rituelle levée des couleurs et recueillement devant le Carré des Martyrs, l'inauguration de la 12ème édition du Colloque international sur les massacres du 8 mai 1945 qui est animé par des historiens et chercheurs universitaires de divers horizons, la visite ou le pèlerinage, sur les sites préservant les séquelles du génocide et enfin l'organisation de la rituelle marche du Souvenir à 16 h comme nos aînés pour la mémoire et pour que nul n'oublie. La féroce campagne de terreur d'Etat qui fit des dizaines de milliers de victimes civiles a été, sciemment, occultée et l'ordre colonial eut dans un désarroi identitaire, le reflexe égoïste à valider la conception fixiste d'avant-guerre pour entamer une tonalité de reconstitution de son échafaudage impérial, et raccommoder ses haillons de puissance coloniale dans la répression et l'horreur, en vue de plaire aux vainqueurs de l'hydre nazie. Les Américains savaient, déjà, tout sur le génocide perpétré contre les populations algériennes et c'était le clou à planter dans l'échiquier de la nouvelle configuration mondiale, pour faire vassaliser la France dans un suivisme d'anesthésie, depuis Dumbarton Oaks, où elle recevait un strapontin, au nouveau Conseil de sécurité. Nul ne se doutait, ces temps là (1945), que l'empire américain aiguisait ses «armes silencieuses» pour déclencher la troisième guerre mondiale avec son contingent formé à Bretton Woods. En 1945, la France avait commis l'irréparable génocide pour préserver son statut d'empire colonial. En 1945 aussi naquit le 1er Novembre 1954, des hommes libres, ceux qui vont pouvoir sonner le glas du colonialisme. L'histoire nous apprend que la question de l'Empire se posait, cycliquement pour les Français, aux mauvais moments et une réflexion sur une hypothétique grandeur impériale aboutit, toujours, sur une sottise exemplaire de comportement. 69 années après le crime d'Etat, l'ex puissance coloniale maintient toujours son dos tourné à son odieux passé qui demeure son ombre éternelle et les génocides ne peuvent s'oublier tant que les cierges resteront allumés. Le crime contre l'Humanité est toujours imprescriptible selon la loi des hommes et reste vivace dans la mémoire collective des peuples. Par devoir de mémoire, le combat continue pour que nul n'oublie et il n'y a pas à s'en faire des présumés assassinats de la mémoire car la mémoire est immortelle.