Le président de l'association, Abdelhamid Salakdji, interpelle les six candidats à se prononcer sur les massacres du 8 Mai 1945. Un des plus importants contentieux qui enveniment les relations algéro-françaises, à savoir la «mémoire», est éludé par la campagne de l'élection présidentielle, laquelle ne trouve toujours pas la tangente souhaitée aussi bien par le citoyen lambda que par les initiés, gavés par l'indigence du discours et des prestations des six candidats. L'«oubli», son premier ennemi, n'échappe pas à la Fondation 8 Mai 1945, qui monte au créneau. Volontaire ou non, l'omission des présidentiables est remise sur le tapis par une importante déclaration du président de l'association, Abdelhamid Salakdji, qui interpelle les six candidats. Ces derniers sont priés à se prononcer sur un sujet plus que jamais d'actualité : «69 années après, les massacres du 8 Mai 1945 demeurent non seulement impunis, mais non reconnus officiellement. 52 ans après l'indépendance, la qualité de chahid et de moudjahid n'est pas accordée aux victimes de la barbarie du 8 Mai 1945. Reconnaissante, la République doit, à notre sens, mettre un terme à une injustice ne disant pas son nom. Nous estimons que ce chapitre doit être un axe important de la feuille de route du prochain président de la République. Oublié ou occulté, ce pan de l'histoire contemporaine de notre pays doit, à notre sens, être au cœur de la campagne électorale. Sans mémoire, tout projet de société est voué à l'échec. Le moment est venu d'ouvrir ce dossier. Nous voudrions à ce sujet connaître la position des candidats devant plus que jamais s'engager devant le peuple et l'histoire qui ne pardonne pas», souligne le n°1 de la Fondation, qui a pour slogan «Un peuple sans mémoire est un peuple sans avenir». En ayant sans nul doute gros sur le cœur, le militant enfonce non seulement le clou mais donne à sa manière une autre dimension à la campagne : «Déposé en février 2009 par un groupe de députés, le projet de loi criminalisant le colonialisme français n'est toujours pas adopté. La Fondation s'explique mal une position ne plaidant pas en faveur de la transmission de la mémoire aux futures générations, qui doivent tout connaître sur le martyre de leurs aïeux. Le devoir de mémoire nous pousse une nouvelle fois à remettre sur le tapis une question qui fâche. Légitime, notre revendication est à la fois un devoir et une question de souveraineté nationale. Nous profitons de l'opportunité pour demander la position des six candidats. Car nul n'a le droit d'oublier les crimes de guerre et contre l'humanité perpétrés en Algérie de 1830 à 1962. La Fondation est pour la refondation des relations entre les deux rives de la Méditerranée. Néanmoins, la France doit reconnaître tous les crimes commis par l'armée et l'administration coloniale en son nom. En attendant le règlement de cet important et volumineux dossier avec l'Hexagone, les victimes, leurs proches et tous les Algériens attendent une réponse claire des candidats», martèle le président la Fondation 8 Mai 1945, qui met non seulement son grain de sel, mais donne une autre dimension à cette campagne électorale…