Contrairement à ce que les Occidentaux ont claironné sur ses intentions à l'égard de l'Ukraine, Moscou a fait preuve d'une extrême retenue en ne se livrant à aucune opération qui aurait pu empêcher la tenue de l'élection présidentielle aujourd'hui dans ce pays même si elle maintient ses doutes sur sa légitimité en raison de la situation de guerre civile qui prévaut en Ukraine. L'Ukraine élira donc ce dimanche son nouveau président pour autant il n'en sera pas fini de la crise dans laquelle elle est empêtrée. La note d'espoir est que le candidat grandissime favori du scrutin, le milliardaire Petro Porochenko qui, bien que pro-occidental, semble vouloir rompre avec la politique anti-russe agressive des autorités transitoires qui ont prit les commandes du pouvoir suite à l'insurrection de la Place Maidan ayant provoqué la chute, par des moyens illégitimes, du régime de l'ex-président Ianoukevitch. Petro Porochenko a promis en effet durant sa campagne électorale que s'il est élu il règlerait avec Moscou les litiges qui empoisonnent les relations entre l'Ukraine et la Russie. Ce qui suppose qu'il va se montrer ouvert aux inquiétudes que la Russie éprouve à l'endroit de l'association de son pays avec l'Union européenne contractée par les autorités de transition de Kiev à légitimité non reconnue par presque une bonne moitié du peuple ukrainien opposé à l'accord réalisé par elles. Qu'il prendra également en compte la revendication des populations des régions russophones du pays pour la mise en place d'un système de gouvernance dans leur zone plus indépendant, dans ses décisions, de Kiev et du pouvoir central. Porochenko a pour l'heure les faveur des Occidentaux qu'il rassure par son penchant en faveur de leur camp. Mais il lui faudra refermer la pression des Européens et des Américains qui vont vouloir lui faire endosser leur dessein de faire de l'Ukraine un Etat résolument anti-russe qui participe à leur politique d'isolement et d'encerclement de la Russie et de son territoire une base d'intervention éventuelle de l'OTAN. La vocation européenne de l'Ukraine n'est pas contestable mais celle russe ne l'est pas moins. La gageure pour le nouveau président sera de parvenir à faire admettre les deux et non pas à poursuivre la politique primairement anti-russe suivie par les autorités autoproclamées de Maidan. Ce n'est pas à la Russie qu'il faudra demander de la retenue et du pragmatisme une fois le nouveau président ukrainien élu et investi, mais aux Européens et Américains qui ont poussé Kiev à exacerber ses relations avec Moscou en affichant une hostilité sans retenue au maintien de tout lien avec la Russie. L'élection présidentielle ne règlera pas comme un coup de baguette magique la crise de l'Ukraine. Elle peut tout au plus permettre d'orienter dans un sens acceptable le dialogue qu'il faudra entreprendre pour résoudre la crise au mieux des intérêts nationaux de l'Ukraine et de ses populations aussi bien europhiles que russophiles. Il est clair que ces dernières n'accepteront jamais qu'ils soit mis fin aux liens historiques de sang et d'intérêts pratiques qu'elles ont avec le pays voisin comme le voudraient les milieux occidentaux et leurs relais en Ukraine qui n'ont pas hésité à vouloir les rompre.