Intervention ■ La Russie a contesté la légitimité et fustigé les «méthodes dictatoriales» des nouvelles autorités ukrainiennes, au moment où celles-ci se tournent vers l'Occident pour une aide financière d'urgence. «Si on considère que des gens qui se baladent dans Kiev avec des masques et des kalachnikovs sont le gouvernement, alors il nous sera difficile de travailler avec un tel gouvernement», a lancé hier, le Premier ministre russe Dmitri Medvedev, réagissant à l'arrivée au pouvoir de l'opposition ukrainienne ce week-end. «Il me semble que c'est une aberration de considérer comme légitime ce qui est en fait le résultat d'une révolte», a-t-il ajouté à l'intention des Européens, qui, eux, ont décidé de soutenir le nouveau pouvoir et ont dépêché à Kiev la chef de la diplomatie européenne Catherine Ashton. Celle-ci a rencontré dans l'après-midi le président par intérim Olexandre Tourtchinov. La Maison-Blanche, qui a appelé hier, à la formation d'un gouvernement de techniciens, s'est, pour sa part, abstenue de qualifier M. Tourtchinov de président légitime de l'Ukraine. A Kiev, le ministre des Finances par intérim Iouri Kolobov a annoncé que l'Ukraine aurait besoin de «35 milliards de dollars en 2014-2015». «Nous avons demandé à nos partenaires occidentaux l'octroi d'un crédit d'ici à une semaine ou deux» et suggéré l'organisation d'une «grande conférence internationale de donateurs avec l'Union européenne, les Etats-Unis, le FMI et d'autres organisations financières internationales», a-t-il ajouté. Cette requête a reçu un accueil favorable auprès du ministre grec des Affaires étrangères Evangelos Venizelos, dont le pays préside actuellement l'Union européenne. «Il faut éviter une guerre civile, il faut éviter l'effondrement financier et économique du pays, et il faut organiser une conférence internationale pour éviter la faillite de l'Ukraine», a-t-il déclaré. Les Occidentaux ne cachent pas non plus leurs craintes depuis plusieurs jours pour l'intégrité territoriale de l'Ukraine. Ils redoutent que la crise des derniers mois n'ait creusé le fossé entre l'Est russophone et russophile, majoritaire, et l'Ouest nationaliste et ukrainophone. Sur le terrain cependant, les régions plus proches de Moscou ne donnent pas signe de vouloir faire sécession. D'autant que dans l'Est russophone de l'Ukraine, la région natale de Viktor Ianoukovitch, ce dernier est qualifié de «traître» pour les uns, «trop faible» pour d'autres. Ils ne semblent éprouver aucun regret après sa destitution, tout en se demandant qui serait désormais le mieux à même de les défendre.