Après avoir annoncé, lors d'une brève déclaration à la presse, dans la soirée du vendredi 13 juin, qui aura porté bonheur à la famille Kaoua, que le bébé disparu le 27 mai dernier «a été retrouvé sain et sauf chez une femme dans la région de Tamalous», le procureur près le tribunal de Constantine devait indiquer dans ce sillage que «l'enquête préliminaire est close», tout en précisant que «les investigations demeurent toujours en cours» pour démêler l'écheveau de cette affaire qui a bouleversé l'opinion publique nationale. Ainsi, laisse-t-on entendre, l'intrigue de l'enlèvement du bébé Leith Kaoua n'est pas encore totalement résolue. Plus loin, les premiers éléments de l'enquête suscitent des soupçons sur l'existence d'un réseau actif qui s'est spécialisé dans «le commerce des bébés». C'est la réponse de la femme chez laquelle le bébé a été retrouvé qui incite à penser qu'il ne s'agit pas là d'un cas unique en son genre. La femme en question, âgée de 48 ans, avait avoué qu'elle a acheté le bébé à Constantine, et dès lors qu'on parle de vente et d'achat d'un bébé, la comptabilité pourrait ne pas se contenter d'une seule opération. D'ailleurs, le père d'un bébé disparu le 17 novembre 2013, quelques heures après sa naissance à la maternité du CHU Ibn Rochd (Annaba), et dont la trace n'a pas encore été retrouvée, s'est manifesté ces derniers jours pour tenter d'alerter l'opinion et les autorités compétentes, une première fois au moment où l'affaire du bébé Leith Kaoua occupait les devants de la scène, justement pour faire part de ses regrets face aux médias, lourds notamment, «qui n'avaient pas consacré autant de temps et d'espace à la disparition de son bébé», avait-il dit à un journaliste d'une chaîne de télévision privée, et une seconde fois, avant-hier même, pour dissiper ou renforcer ses doutes qui lui font croire qu'il existe un lien entre les disparitions des deux bébés, à Constantine et à Annaba. Il s'agit là de cas de disparition de bébés dont les parents remueraient ciel et terre pour les retrouver, mais il se pourrait que le réseau spécialisé dans l'ignoble commerce des bébés ait à son actif d'autres opérations où l'on aurait ciblé des bébés nés sous « X » et dont le nombre demeure, sans se voiler la face, très élevé. Qui chercherait à les retrouver ces derniers ?! Mieux encore, on chercherait plutôt à s'en débarrasser et à leur trouver des familles d'accueil en toute « discrétion ». La thèse est plausible, car le gain relativement facile lorsqu'il s'agit de bébés nés sous « X » serait sur ce plan très alléchant. En tout cas, l'enquête en cours déterminera les tenants et les aboutissants de ce dossier scandaleux. Pour le moment, 8 employés de la maternité ont été frappés de la suspension conservatoire au lendemain même de la disparition du bébé Leith Kaoua, dont des médecins, des infirmières et des agents, et l'on a annoncé avant-hier que deux suspects, un agent et une sage femme, probablement parmi les employés suspendus, ont été appréhendés après l'interrogatoire de la femme chez laquelle fut retrouvé le bébé. D'autres personnes, impliquées directement ou indirectement dans cette affaire, demeurent activement recherchées. Pour le moment, secret de l'enquête en cours oblige, on ne veut rien dévoiler au sujet des résultats ou des actions menées par les services de sécurité, mais on assure que les portes de l'enfer sont grandes ouvertes pour les membres du réseau de commerce des bébés. Sur un autre registre, ce douloureux évènement a incité les responsables du secteur de la santé à prendre des mesures draconiennes pour éviter tout autre drame, dont le placement des caméras de surveillance dans tous les hôpitaux, particulièrement au niveau des maternités, réduction du temps des visites et placement d'un bracelet électronique avec toutes les informations utiles sur la main de tout nouveau né. Des mesures qui pourraient même provoquer un autre effet, celui d'humaniser les hôpitaux, contraignant leur personnel à prendre à cœur sa fonction ou se prendre à défaut par les caméras de surveillance.