Le ministre d'Etat, directeur de cabinet de la présidence de la République, Ahmed Ouyahia, a répondu à l'opposition, affirmant que la «transition est inacceptable» et que l'armée ne doit pas intervenir dans «les manœuvres politiques». Il a été affirmatif sur la question du FIS «pas de retour sur la scène politique et pas de création de parti sur une base religieuse». Telle est la mise au point d'Ahmed Ouyahia adressée hier lors d'une conférence de presse à Djennane El-Mithak à ceux qui demandent l'intervention de l'armée pour une période de transition et pour ceux qui pensent que l'Etat manipule les ex-dirigeants du FIS pour faire face à l'opposition. Ahmed Ouyahia, qui a écarté catégoriquement le retour du FIS sur la scène politique, a tout de même défendu les deux ex-dirigeants du FIS dessous, à savoir Madani Mezrag et El-Hachmi Sahnouni, invités aux consultations sur le projet de révision de la Constitution «en tant que personnalités nationales». Pour Ouyahia, ces deux «personnalités politiques nationales» ont un grand mérite pour l'instauration de la trêve lors de la décennie noire. Il a rappelé qu'El-Hachemi Sahnouni est parmi les trois dirigeants du FIS qui ont eu le mérite d'aller à la télévision déclarer que la démarche dans laquelle était leur parti conduit les Algériens à la catastrophe et poursuit, donc « Dieu seul peut lui reconnaître quelques mérites». Il a également tenu à défendre Madani Mezrag, parton de l'AIS. Ouyahia dira «si nous avons réussi à aller à la trêve, et ensuite à la concorde, et après à la réconciliation, je dois vous le dire avec une brutale franchise, c'était grâce à la contribution de Madani Mezrag». Il poursuit en affirmant que «je suis témoin de cette période et j'en était acteur, les politiques nous ont fait tourner en rond, nous avons tout fait avec les dirigeants du FIS dissous pour obtenir un appel à l'arrêt de la violence, malheureusement ça n'a pas été possible, je parle de 93, 94, 95 ( ). Le lendemain de l'élection de Lamine Zeroual, Mezrag Madani a envoyé un message pour dire essayons de trouver une sortie». C'est ce qui a permis, selon Ouyahia, à l'Etat, à travers l'armée, de nouer un fil de discussion et arriver à une trêve, pour que les efforts se poursuivent avec le président Bouteflika qui a entamé la dimension politique de la crise en proposant la réconciliation nationale. Et de préciser que «les victimes du terrorisme ont eu le grand mérite morale et politique d'avoir accepté la concorde civile et d'avoir accepté la réconciliation nationale». Le ministre d'Etat a regretté le fait que «l'Histoire récente demeure inconnue par notre opinion». Et de préciser encore une fois que Madani Mezrag et El-Hachemi Sahnouni, n'ont pas évoqué le retour du FIS sur la scène politique. Fustigeant, l'opposition notamment ceux qui ont choisi de boycotter les consultations et les rencontres, Ouyahia a estimé que «ceux qui parlent du retour du FIS, sont ceux ayant refusé de venir aux rencontres, ceux qui sont toujours prisonniers des logiques d'appareils et de logiques politiciennes», a-t-il précisé. Il poursuit sa charge contre ceux qui ne croient pas à son projet «ceux qui disent que le pouvoir essaye de manipuler et récupérer les ex-dirigeants de FIS pour faire face à l'opposition, je leur dis, que le pouvoir a assez de défis et assez de complications à gérer, il n'a pas le temps pour inventer des démarches infantiles». Concernant une possible amnistie générale, Ahmed Ouyahia qualifie ces allégations venant de boycotteurs de fumisterie politique. Il explique que dans le droit, il n'y a pas d'amnistie générale «on amnistie un fait, la Charte a bien balisé le terrain, elle a même laissé au chef de l'Etat la possibilité de proroger et de tendre la main aux enfants de ce pays qui renonceraient encore à la violence». Enfin, et pour fermer la parenthèse sur cette question qui a fait couler beaucoup d'encre, le ministre d'Etat a précisé que si l'Etat empêche la création d'un parti politique sur des bases religieuses, il ne pourra pas empêcher les citoyens algériens de s'exprimer ou faire fleurir des idées religieuses, politiques et culturelles. Et d'ajouter qu'«une grande partie des 64 partis politiques agréés ont des idées islamistes pourtant ils ont des dénominations purement républicaines». Ahmed Ouyahia lance un appel à mi-parcours des consultations sur le projet de la révision de la constitution à tous les partis et les personnalités nationales qui refusent d'aller à ces rencontres en disant «la porte est ouverte, le pouvoir ne fait pas dans la manipulation, il œuvre pour rassembler les Algériens». OUHAYIA «UNE PERIODE DE TRANSITION EST INACCEPTABLE» Ahmed Ouyahia a estimé qu'une période de transition est «inacceptable». Il précise que la transition est une remise en cause de la souveraineté populaire. II poursuit en affirmant que «si on va recourir à une période de transition, nous serons des récidivistes», a-t-il averti en précisant que l'Algérie a chèrement payé le prix. Le ministre d'Etat s'est référé à certaines expériences étrangères en précisant que ce n'est pas une mince affaire, «c'est une forme d'opposition la plus dangereuse», a-t-il conclu.