Dans un rapport qu'il a présenté hier devant les élus réunis en session ordinaire de l'assemblée populaire de wilaya, M. Ghediri Yacine, directeur des services agricoles (DSA) de Constantine a tiré la sonnette d'alarme sur le danger que représente la fièvre aphteuse qui vient de toucher la région. « Cette situation représente un très grave danger non seulement pour notre wilaya mais pour tout le cheptel bovin, ovin et caprin au niveau national », a-t-prévenu avant d'annoncer la localisation de cinq foyers d'infection par la fièvre aphteuse dans les communes d'El-Khroub, Ain Abid, Hamma Bouziane et Constantine, et que des opérations « d'abattage sanitaire » sont en cours parallèlement à des opérations de vaccination entamées dans l'environnement des sites incriminés. « Depuis le début de l'année 2014, nous avons vacciné plus de 28000 têtes de bovins », a indiqué le DSA en ajoutant que ces derniers jours la wilaya a bénéficié de 1000 vaccins octroyés par le ministère. Dans la foulée des décisions prises par le wali de fermer les marchés de bétail et le transport de celui-ci vers des lieux autres que les abattoirs, le directeur de l'agriculture a signalé qu'une campagne de sensibilisation tous azimuts a été lancée auprès des éleveurs et des maquignons. « Malheureusement, beaucoup d'éleveurs font preuve de réticence, non convaincus de la réalité de l'épidémie », a révélé le DSA en expliquant que ses services rencontrent beaucoup de difficultés auprès d'eux. « Lorsque nous découvrons un foyer d'infection nous prenons des mesures préventives. Mais quand nous revenons le lendemain nous constatons que l'éleveur a procédé à la délocalisation de son cheptel par crainte de l'abattage sanitaire. Cette mentalité des éleveurs persiste toujours malgré notre insistance à lui faire comprendre qu'en cas d'abattage sanitaire il sera indemnisé à hauteur de 80 % de la valeur bouchère de l'animal abattu, que sa viande lui revient de droit, qu'il peut bénéficier de l'assistance médicale gratuite de nos services etc. Mais l'hystérie provoquée par la perspective de l'abattage pousse certains éleveurs à refuser de collaborer ». La cause de cette soudaine épidémie est maintenant connue, a poursuivi M. Ghediri, et elle découle de l'irresponsabilité manifeste de certains maquignons qui ont ramené de Tunisie des bêtes atteintes de la fièvre aphteuse. Et la maladie s'est aussitôt répandue dans presque toutes les wilayas de l'Est. « Et cette situation peut évoluer dangereusement, estime-t-il, car nous découvrons chaque jour de nouvelles exploitations suspectées d'être infectées. Elles ont été mises sous observation en attendant la confirmation du laboratoire vétérinaire central ». Il dira que les moyens humains mis pour lutter contre le fléau se traduisent par la mobilisation constante de 53 médecins vétérinaires du secteur public aux côtés de 110 autres appartenant au secteur privé. Il terminera son rapport en appelant les élus à apporter leur aide à la campagne de sensibilisation de proximité qui est menée actuellement dans le monde rural, particulièrement en direction des éleveurs et des maquignons.