De plus en plus de jeunes et moins jeunes riverains, domiciliés dans les localités de la daïra d'Aïn El-Turck, issus de différentes couches sociales, s'initient ou pratiquent la pêche artisanale. Pour les uns, et ils sont majoritaires, il s'agit tout simplement d'un savoir hérité par les parents, tandis que pour les autres, c'est une passion qu'ils ont découverte en fréquentant des pêcheurs. Ils sont, cependant, unanimes à déclarer que ce sport de loisir leur permet de joindre l'utile à l'agréable. Ce constat a été relevé notamment pendant le mois de Ramadhan au cours duquel un considérable engouement pour la pêche artisanale s'est manifesté chez ces riverains. «En mer, durant ces longues journées caniculaires de jeûne, nous perdons la notion du temps. La pêche nous a occupés et nous a rapporté un appréciable apport financier et nous a également permis de garnir notre meïda avec du poisson frais», a résumé avec bonne humeur un pêcheur de la localité côtière de St Germain, située sur le territoire du chef-lieu de ladite daïra, avant de renchérir : «Nous avons aussi été gâtés par la nature avec les bonnes conditions météorologiques qui se sont manifestées avant l'entame du mois sacré et qui perdurent toujours, Dieu merci. Nous espérons qu'il fera beau encore». Selon les témoignages concordants formulés par des pêcheurs de cette daïra côtière, l'abondance du poisson de diverses espèces au cours de l'actuelle période sur ce littoral explique l'affluence des embarcations de différentes dimensions, qui se manifeste généralement après le crépuscule au large des côtes de cette daïra. Pour les débutants, qui découvrent avec émerveillement l'immensité de la grande bleue et de son silence entrecoupé parfois par les cris des mouettes troublées, ce sont d'agréables moments d'évasion loin de la pollution et du vacarme de la grande ville. Les fonds marins rocheux, qui s'étendent au large de la petite localité de La Madrague et celle de Cap Blanc, sur le territoire de la commune d'Aïn El-Kerma, dans la daïra de Boutlélis, ou encore celles de Coralès, de Trouville, de St Roch et du village de Cap Falcon où rodent des bancs de poissons à la recherche de nourriture, constituent le lieu privilégié pour la grande majorité de ces pêcheurs. Ceux qui sont mieux équipés poussent leurs embarcations jusqu'à l'île Paloma et/ou au large des côtes témouchentoises où le poisson abonde selon les pêcheurs invétérés. Pour certains, quelque peu nombreux, le produit de la pêche artisanale constitue une rente qui contribue essentiellement à subvenir aux besoins de toute une famille. La plupart d'entre eux ne disposent malheureusement que d'un strict minimum en équipement nécessaire à cette activité qui met parfois leurs vies en péril. Ils exposent le produit de leur labeur sur des tréteaux, protégés du soleil par des auvents de fortune, dans différents lieux publics et leurs abords immédiats, comme à titre d'exemple le marché de fruits et légumes de la commune d'Aïn El-Turck. Les grosses pièces, comme le mérou, sont découpées en rondelles pour être cédées au kilo entre 600 et 800 dinars. «Je n'ai pas à me plaindre du moment que j'arrive à me faire un peu d'argent en vendant mes prises. Cela me permet d'aider financièrement mon père qui ne dispose que d'une petite pension de retraite. J'en garde un peu pour mes besoins personnels», a commenté avec amertume un trentenaire, domicilié dans le quartier de St Maurice sur le territoire de ladite commune, qui pratique la plongée sous-marine depuis près de dix années. «Au début, je pêchai uniquement par plaisir mais après, chômage oblige, cela est devenu une nécessité pour gagner un peu d'argent», a ajouté notre interlocuteur. Des déclarations similaires ont été formulées par d'autres jeunes pêcheurs dont certains ont dû s'associer pour financer leur matériel. Toujours est-il que les mauvaises conditions météorologiques demeurent un cauchemar pour les amateurs de la pêche artisanale et un véritable manque à gagner pour ceux, les chômeurs notamment, qui la pratiquent pour subvenir à leurs besoins.