En ce mois de ramadhan, la situation des petits pêcheurs en activité sur le littoral Ouest semble s'être encore dégradée avec ce qu'ils qualifient de «multiplication des atteintes à la flore et à la faune marine». L'un d'eux a mis comme argument en exergue «la minuscule sardine proposée à la vente à 200 dinars au début du mois en cours dans les marchés et ce, au vu et au su de tout un chacun sans que personne ne crie au scandale». Ce malheureux état de fait a suscité le courroux des amateurs de la pêche artisanale activant sur let littoral. Ils sont une fois de plus remontés au créneau en pointant un doigt accusateur en direction de certains chalutiers qui continuent à utiliser des chaluts en dépit des mises en garde du ministère de la tutelle et en violation de la période du repos biologique, une mesure en vigueur jusqu'à la fin du mois en cours. Disposant d'une petite embarcation et d'un équipement sommaire, le tout acquis à la faveur d'une formule d'aide de l'Etat, les contestataires dénoncent «les pratiques perpétrées en violation à cette mesure d'interdiction de pêcher dans des zones définies à l'aide de filets spécifiques, qui entravent plus particulièrement la reproduction du poisson». Nombre de ces petits pêcheurs, qui tentent de subvenir à leurs besoins dans des conditions difficiles, affirment «n'avoir pas pu bénéficier de la précieuse subvention de l'Etat pour diverses raisons, parmi lesquelles figurent notamment les critères draconiens exigés par l'administration pour prétendre à ce crédit». Nos interlocuteurs révèlent qu'ils ont été dans l'obligation de casser leur tirelire et/ou emprunter de l'argent pour ce besoin. «Il n'y a presque plus de poissons sur nos côtes ! Des chalutiers contrevenants continuent à ne pas respecter la période du repos biologique, en rasant tout sur leur passage à l'aide de leurs filets. Beaucoup d'espèces de poissons seront exterminées si aucune mesure n'est prise pour arrêter le massacre», dénoncent-ils. Faute de mieux, ces amateurs de la pêche côtière exposent à la vente, sur des tréteaux de fortune, leurs maigres prises dans les différents marchés essaimés à travers les localités côtières, situés sur le territoire de la daïra d'Aïn El Turck. Généralement, ils sont taxés comme étant des revendeurs à la sauvette, car ne disposant ni de lieu et encore moins d'une autorisation leur permettant d'exercer leur activité. «On s'interroge sur l'indifférence éprouvée à notre égard. Nous sommes au seuil de la disette et si cela continue, nous ne pourrons plus subvenir aux besoins de nos familles. Je ne sais pas faire autre chose», fait remarquer un jeune marin pêcheur associé avec trois autres riverains de son âge dans cette activité. «Nous ne pouvons exercer durant la saison automnale et hivernale en raison des mauvaises conditions météorologiques. Ces derniers jours, nous n'avons pas pu faire sortir nos embarcations en raison d'une mer agitée. C'est un manque à gagner dont personne ne se soucie. Nos petites embarcations ne tiennent pas la mer lorsqu'elle est en proie à une houle. Nous chômons souvent jusqu'à sept mois sur l'année», renchérit l'un de ses trois compagnons d'infortune, avant de faire remarquer à travers des déclarations troublantes : «Trois d'entre nous ont disparu en mer voilà plusieurs mois. Leurs corps n'ont pas été retrouvés. Ils avaient l'intention de remonter leurs filets au large de la localité de St Germain. Ils n'étaient pas assurés et leurs proches n'ont pas bénéficié d'un capital décès. Le plus grave est que leur cas n'est pas isolé». Ces révélations suscitent nombre d'interrogations par rapport aux instructions de la tutelle, relayées par des discours, qui sont essentiellement axés sur la promotion des petits métiers, plus particulièrement la pêche. Hamid, un amateur de la pêche côtière exhibe des requêtes adressées aux instances concernées pour tenter d'attirer leur attention sur ce qu'il qualifie de «pillage de la faune marine».