Haraket el binaâ el watani compte organiser demain un grand rassemblement pour marquer sa présence sur la scène nationale mais surtout sa force par l'important nombre de militants qu'elle affirme compter déjà dans ses rangs. « Nous sommes plus de 70% des membres fondateurs du Mouvement pour la paix (MSP) du défunt cheikh Mahfoud Nahnah qui ont quitté ce parti pour aujourd'hui en créer un autre», nous dit Slimane Chenine, un proche du cheikh (responsable de la communication), lorsque le MSP était à son apogée. Quoique Chenine préfère rectifier et préciser qu'«on n'aime pas le mot dissident, nous voulons souligner qu'à la fin de 2008, quand Boudjerra Soltani en était le président, nous avons remarqué que le parti avait dévié de la ligne que lui avait tracée cheikh Nahnah et son fonctionnement était plus lié à la corruption qu'à la politique». Notre interlocuteur explique ainsi que «le parti est, depuis, en proie à des ambitions personnelles au lieu qu'il active sur la base de ses principes fondateurs qui sont connus de tous, nous avons voulu rectifier les choses mais nous n'avons pas pu, c'est pour cela que nous nous sommes retirés». Principes fondateurs que Chenine affirme reconduits par le nouveau-né «Haraket el binaâ el watani (mouvement pour l'édification nationale)». Comme son nom l'indique, le nouveau mouvement se réclame «constructeur», parce que, nous dit Chenine, «le pays a besoin d'être construit politiquement, économiquement et socialement». Ses membres fondateurs, «une centaine», selon lui, défendent le principe du «changement pour aller vers la démocratie». C'est au nom des initiateurs de la nouvelle «haraka» que Slimane Chenine souligne que «nous nous réclamons des Frères musulmans et de l'école de Jamiite El Ouléma et nous partageons leur pensée idéologique et réformatrice». En réponse à une question sur un éventuel lien entre «El Haraka» et les Frères musulmans à travers le monde notamment ceux d'Egypte, Chenine répond «Haraket el binaâ el watani ne cache pas son appartenance, nous avons une relation fraternelle avec eux». Il tient à noter que «c'est parce qu'ils gagnent dans toutes les courses politiques que les Frères musulmans sont aujourd'hui pointés du doigt et accusés d'être des terroristes, ceux qui les qualifient ainsi n'ont pas pu les vaincre sur le terrain politique». Et avec le MSP ? lui demandons-nous. «On se rencontre, on discute ensemble, nous avons au moins deux points en commun, le soutien indéfectible à la Palestine et la nécessité des réformes politiques pour construire le pays». Seulement, tient-il à relever, «la manière d'activer dans ce sens est différente, nous, nous acceptons l'aide de tout le monde, on ne se sent pas islamiste ou nationaliste plus que les autres». Rapport avec les personnalités de l'ex-FIS ? «On se concerte, on estime que celui qui croit en nos idées est le bienvenu», soutient-il encore. «ON EST UN PARTI ISLAMISTE, NATIONALISTE MODERE» Le membre fondateur de Haraket el binaâ el watani précise alors que «nous voulons le changement mais il faut qu'il se fasse avec des moyens pacifiques parce que nous refusons d'une manière catégorique le recours à la violence, que ce soit d'un point de vue religieux ou idéologique». L'appel est ainsi lancé «à tous les musulmans qui acceptent de collaborer avec nous pour le bien de ce pays, nous adhérons à toute relation ou toute partie qui veut construire l'Algérie». Haraket el binaâ el watani se situe «proche du courant centre droite», «on est un parti islamiste, nationaliste modéré», déclare Chenine. El Haraka compte selon ses fondateurs activer «pour réaliser le changement par la démocratique participative». Slimane Chenine explique encore à cet effet que «le pouvoir en place ne peut tout seul réaliser le changement et l'opposition non plus ne peut à elle seule y arriver». Pour lui, «le premier pas pour réaliser cette démarche, c'est «d'exclure» l'exclusion, toute initiative pour le bien du pays est la bienvenue». Pour cela, Haraket el binaâ el watani se veut être «le trait d'union». A propos des initiatives déjà rendues publiques, à l'exemple de celle du FFS ou du Front démocratique «et même les consultations politiques animées par Ahmed Ouyahia dans le cadre de la révision de la Constitution», Chenine dit simplement que «nous œuvrons pour que notre relation soit bonne avec tous». Il rappelle que «quelques personnalités parmi les membres fondateurs du parti ont été invitées à ces consultations mais ont refusé d'y aller parce que notre mouvement n'avait pas encore été agréé» Quoique, dit-il, «nous soutenons la création d'un système parlementaire où les prérogatives les plus larges seront garanties aux institutions financières et celles de contrôle, et au pouvoir judiciaire qui doit, ainsi, procéder seul aux nominations et aux changements au niveau de ses institutions». Des institutions qu'«il faut absolument détacher et éloigner de toute tutelle présidentielle soit-elle ou gouvernementale», soutient Chenine. El Haraka défend aussi «une économie libérale qui garantit la liberté du marché et du commerce mais qui préserve la justice sociale», dit-il. «NOUS AVONS PLUS DE 10 000 MILITANTS» Haraket el binaâ el watani organise ce vendredi après-midi, un grand meeting à la Coupole du complexe du 5 Juillet où elle compte «faire le plein». Chenine estime ainsi à plus de 10.000 le nombre de militants de la Haraka. «Nous avons fait appel à un quart de nos militants parce que nous ne voulons pas faire venir tout le monde de toutes les wilayas, nous n'aurons que les représentants, et nous remplirons la Coupole», assure-t-il. Il est convaincu que «nous ne sommes pas comme tous les autres partis qui se contentent d'avoir un agrément administratif pour dire qu'ils existent, nous, avant d'avoir notre agrément, nous avons travaillé longuement au niveau de la société pour convaincre les citoyens de la justesse de nos principes et de nos idées, c'est pour cela qu'on a déjà un nombre appréciable de militants; cheikh Nahnah avait fait le même travail avant de créer le MSP». Il rappelle que «les membres fondateurs ont attendu plus de 16 mois pour avoir l'agrément mais avant, en mars 2013, nous avons organisé notre congrès constitutif dans le cadre des lois existantes et avec un récépissé en main» Haraket el binaâ el watani a déjà à son actif, 24 «universités d'été ouvertes», que Slimane Chenine appelle «campings». Il affirme que «nous faisons un travail de proximité à travers ces campings que nous avons montés au bord du littoral de 24 wilayas, à l'exemple de Mostaganem, Jijel, Tipaza » El Haraka a décroché son agrément dimanche dernier et compte investir «fermement» la scène politique. «Le meeting de la Coupole sera une première occasion pour convaincre du bien-fondé de nos démarches, on l'organise pour dire qu'on est présent, organisé et sur la scène nationale», affirme Slimane Chenine.