Espérant toujours leur relogement suite aux assurances données par les autorités locales quant au droit au logement social pour l'ensemble des occupants des habitations à haut risque, les 9 familles du 3, rue de Saida, à Sidi El Houari, s'interrogent sur les raisons qui font que d'autres voisins vivant dans les mêmes conditions ont bénéficié de pré-affectations. Ces appréhensions ont été exprimées à travers une action de protestation tenue juste la veille du ramadhan après que plusieurs familles du quartier ont été transférées vers des logements plus sûrs. En bloquant la circulation au boulevard Stalingrad, les protestataires n'avaient qu'un seul but : interpeller les responsables locaux sur leur situation précaire et les dangers qu'ils encourent dans des habitations classées dans la catégorie rouge. Pour cet immeuble privé, les déboires ont commencé en 2004, après qu'un glissement de terrain a eu lieu suite aux travaux engagés pour la réalisation à quelques mètres d'un bureau de poste. Le propriétaire avait engagé une procédure judiciaire contre l'ex PTT et le jugement a été en sa faveur avec la prise en charge des locataires. Toutefois, depuis 10 ans l'attente a été longue et la bâtisse représente un réel danger aussi bien pour les résidents que pour les mitoyens. La menace de ruine a été confirmée par le CTC qui a été sollicité par les services techniques du secteur urbain compétent et il a été décidé de ne plus alimenter l'immeuble ni en gaz naturel ni en eau potable. Le propriétaire, quant à lui, a demandé à ses locataires de ne plus verser leurs droits locatifs et a même décliné toute responsabilité au cas où un drame venait à se produire. Officiellement, nous dira un locataire dont les parents résident depuis plusieurs décennies dans cette habitation, au même titre d'ailleurs que tous les autres, en s'adressant aux services communaux pour l'obtention d'un certificat de résidence, ce droit n'est pas accordé du fait que l'immeuble n'existe plus dans le plan de masse et est sensé être vacant. A l'intérieur, les signes de la menace de ruine sont très perceptibles. Murs et dalles grandement fissurés, des escaliers en bois ne tenant qu'à de simples barres de fer, ainsi qu'une odeur nauséabonde qui se dégage en raison du taux élevé d'humidité, font partie du lot quotidien de ces familles qui craignent le pire à la veille de chaque hiver. Le cri de détresse des 30 personnes qui y résident est adressé au wali d'Oran pour se pencher sur leurs cas avant que le pire n'arrive. Notons que la wilaya d'Oran avait bénéficié, il y a plusieurs années, dans le cadre de l'opération de réhabilitation du vieux bâti, d'une opération de diagnostic de 54.500 logements pour une enveloppe de plus 325 millions de dinars. En 2012, 4.394 constructions et 1.720 logements étaient classés « rouge » après expertise. Les immeubles classés comme présentant de grands risques devront être démolis. Les assiettes foncières récupérées renforceront le portefeuille communal et seront affectées à la réalisation d'équipements publics. En outre, il faut noter que 1.990 immeubles menacent ruine et des milliers de demandes de logements attendent depuis des années. Les opérations menées par les autorités locales se sont multipliées ces dernières années. Cependant, la problématique du vieux bâti a encore de «beaux» jours devant elle. Les vieux immeubles sont éparpillés sur tous les anciens quartiers de la ville. Le cas le plus alarmant reste celui de Sidi El Houari qui recense, à lui seul, une bonne centaine d'immeubles (108) qui nécessitent une intervention urgente. Selon des spécialistes, la démolition des vieilles constructions ne peut être opérée spontanément. Tout acte de démolition repose sur un diagnostic technique, assuré par des spécialistes, car il touche trois catégories différentes d'immeubles. La première concerne les immeubles relevant de la propriété privée et dont les propriétaires sont difficilement joignables. La seconde concerne les immeubles situés au cœur du tissu urbain et, par conséquent, leur démolition représenterait un autre problème non moins complexe. La troisième catégorie concerne les structures sous forme de carcasses.