La Russie, en conflit avec l'Union européenne sur le dossier ukrainien, a fait l'objet de sanctions économiques et financières de la part de cette dernière à laquelle elle a répliqué en décrétant l'embargo sur ses produits. Pour beaucoup de pays l'occasion est absolument propice à investir cet immense marché qu'est la Russie de Poutine dont les Européens ont été jusque-là les indétrônables pourvoyeurs. Parmi eux, l'Algérie a incontestablement un coup à jouer eu égard aux liens forts qu'elle entretient avec le pays de Poutine et qui se déclinent sous la forme d'un pacte stratégique conclu entre les deux pays. Un précédent fort devrait pousser les deux Etats à s'engager à mettre en œuvre ce pacte comme dans le début des années 70 quand l'Algérie, liée à cette époque par un contrat de même nature avec l'ex URSS, avait obtenu de celle-ci qu'elle ouvre son marché à la production de son vignoble sous embargo français en réplique de la nationalisation des hydrocarbures décrétée par feu Houari Boumediene. Les offres se bousculent internationalement pour proposer à la Russie de combler le vide induit par l'embargo sur les produits en provenance de l'Europe qui sont de nature agroalimentaire. Des pays africains ont déjà fait des offres de service aux juteuses retombées dont le volume pourrait avoir un effet quadruple financièrement sur les échanges entre le continent et la Russie. L'Algérie n'est apparemment pas dans le lot de ces entreprenants pays africains. Pourquoi donc nos producteurs nationaux qui se targuent d'être en capacité d'exporter à l'étranger ne saisissent-ils pas cette opportunité ? Leurs homologues marocains qui ont fait déjà du marché russe le premier importateur d'agrumes de leur pays se démènent pour exploiter à leur avantage cette opportunité qu'ils ont justement qualifiée d'historique. L'Algérie n'aurait donc rien à proposer à l'exportation agroalimentaire vers le marché russe sauf à rogner sur la disponibilité qu'a sa production à couvrir le marché intérieur ! Ou est-ce tout simplement que les producteurs algériens n'ont pas l'expertise qu'ont leurs homologues marocains ou autres africains qui sont partis à la conquête du marché russe ? Ils attendent peut-être que l'Etat leur garantisse les risques qu'ils encourent en se lançant à la conquête du marché russe. Ce qui est l'état d'esprit de la majorité de nos postulants au statut d'exportateurs. Des garanties qu'ils réclament à cet Etat en dénonçant en même temps son interventionnisme quand il leur impose des règles qui feraient d'eux des opérateurs crédibles sur les marchés internationaux. Des opportunités qu'offre le marché russe dans le contexte du bras de fer que se font l'Union européenne et la Russie avec pour enjeu la question ukrainienne sont absolument à saisir par nos opérateurs économiques qui se prétendent en capacité de sortir l'économie du pays de sa dépendance à ses seules ressources en hydrocarbures. Leur réactivité à la nouvelle donne induite par l'embargo russe sur les produits agroalimentaires venant de l'Union européenne ne semble pas celle d'opérateurs économiques entreprenants qui flairent la bonne occasion d'imposer le label algérien qui a pourtant les qualités concurrentiels pour s'imposer sur le marché russe et sur d'autres marchés encore. Ils attendent peut-être que l'Etat algérien, prétextant le pacte stratégique contracté avec la Russie, leur obtienne de ce pays des « faveurs » qui combleraient le désavantage que leur vaut leur frilosité à entrer en compétition avec les autres acteurs économiques potentiels lancés à la conquête du marché russe.