Le ministre de la Communication, Hamid Grine, s'est dit «porter un regard contrasté sur le monde de la presse en Algérie : il y a du bon, il y a du moins bon et il y a du mauvais», a-t-il déclaré, hier, sur les ondes de la Chaîne 3 de la radio nationale. Explicitant sa pensée, Hamid Grine dira que «l'existence d'une presse pluraliste, couplée à une liberté d'expression extraordinaire, l'une des plus importantes en Afrique, est une bonne chose pour le pays». Nuançant sa vision des choses, le ministre regrettera néanmoins ce qu'il a appelé «des dérives» caractérisées, selon lui, par de «la diffamation et les injures avec des attitudes de certains journalistes où le sensationnel l'emporte au détriment de l'information vraie et sourcée». Interrogé sur la lecture à faire du contenu du message du chef de l'Etat adressé aux professionnels des médias à l'occasion de la Journée nationale de la liberté de la presse, l'invité de la radio a estimé «qu'il était impossible d'arriver à la professionnalisation de la presse sans l'implication réelle et effective non seulement des journalistes, mais aussi des principaux acteurs, à savoir les éditeurs». Dans son appel lancé aux journalistes, le président de la République «veut un engagement et une sincérité des professionnels des médias, qui doivent veiller au strict respect de la déontologie et l'éthique de ce noble métier, mais ils doivent aussi se montrer vertueux et aimer leur pays», a encore indiqué Hamid Grine. Le chef de l'Etat «souhaite également voir les journalistes se hisser au niveau de leurs aînés qui ont sacrifié leurs vie au service de la patrie», ajoutera le ministre de la Communication. Récusant les lenteurs en matière de mise en place des instances juridiques devant encadrer les médias, l'invité de la chaîne 3 parlera «d'inadéquation entre les uns et les autres», rappelant qu'il a déjà été procédé à l'installation de la commission provisoire de délivrance des cartes de journaliste professionnel, «composée essentiellement des professionnels des médias, alors que la loi nous autorise à nommer des experts». «L'autre aspect non moins important est celui de l'installation de l'Autorité de régulation de l'audiovisuel, avec la nomination de M. Miloud Chorfi à sa tête, le tout en droite ligne des instructions du chef de l'Etat», ajoutera Hamid Grine. Expliquant que l'installation de l'autorité de régulation de la presse écrite «était tributaire du recensement des journalistes», le ministre de la Communication dira, à ce titre, «que plus de 1100 dossiers ont déjà été déposés et traités pour la délivrance de la carte provisoire de journaliste professionnel ; je pense que dans six à huit mois, on pourra organiser des élections pour la désignation des membres de l'autorité de régulation, avant la désignation du Conseil d'éthique et de déontologie, exclusivement composé de journalistes». Appelant à éviter les «attitudes contre-productives» à l'égard des journalistes, l'invité de la radio avouera «ne pas pouvoir garantir à l'heure actuelle l'accès aux sources d'information pour les journalistes tant que ces derniers continuent à être perçus comme des empêcheurs de tourner en rond», se félicitant au passage de la dépénalisation du délit de presse en Algérie. Revenant sur l'ouverture du champ audiovisuel, le ministre de la Communication soulignera que « sur la vingtaine de chaînes qui activent, cinq seulement ont déjà reçu les accréditations pour installer leurs bureaux à Alger», rappelant que «la loi parle bien de chaînes thématiques». Au sujet de la gestion du marché de la publicité en Algérie estimé à plus de 250 millions d'euros en 2012, Hamid Grine annoncera «l'institution prochaine d'une loi qui est en cours d'élaboration pour réorganiser les activités des agences de communication ». A propos des « pressions » exercées sur certains médias par le biais de l'octroi de la publicité, l'invité de la Chaine 3 rétorquera, sans prendre de gants, que ces derniers « doivent sortir de leur mentalité d'assistés », ajoutant que les «annonceurs ne sont pas obligés de leur donner de la publicité». Concernant, enfin, les créances des imprimeries publiques auprès des journaux, le ministre de la Communication dira que depuis son installation à la tête du secteur, 60 milliards de centimes ont été recouvrés sur des créances globales d'un montant de 400 milliards de centimes, appelant les imprimeries publiques «à ne plus être souples et ne faire de crédit qu'aux journaux solvables».