La responsabilité et la professionnalisation de la presse sont au centre des préoccupations du nouveau ministre de la Communication. "Nous voulons une presse responsable qui assume son rôle d'information, mais aussi sa responsabilité morale de donner une information bourcée au citoyen", a déclaré, hier, Hamid Grine, sur les ondes de la Chaîne 3, en ce jour de célébration de la Journée nationale de la presse. Pourtant, il évoquera plus loin les difficultés d'accès à l'information, notamment au niveau des administrations, reconnaissant ainsi l'existence d'obstacles rencontrés par les journalistes, dans l'exercice de leur métier. Le ministre a également déploré que "certains journaux (...) empruntent des chemins de travers et de la diffamation", justifiant cette situation par la période passée, celle de la décennie du terrorisme, durant laquelle la presse aurait construit "une opinion consommatrice d'attaques et de sensationnel". La professionnalisation de la presse est tributaire de "l'adhésion des journalistes et des principaux acteurs, notamment les responsables de presse", finira-t-il par lâcher, en insistant sur l'"engagement", l'"élan" et la "sincérité" des journalistes, ainsi que sur les questions de "la déontologie et l'éthique". M. Grine, par ailleurs, a annoncé l'installation prochaine d'une autorité de régulation et d'un conseil de l'éthique et de la déontologie, tout en signalant que la mise en place de l'Autorité de régulation de la presse écrite interviendra dans 6 à 9 mois, "en fonction du rythme de délivrance de la carte professionnelle de journaliste". Sans rassurer le gros de la corporation des journalistes qui craint l'instrumentalisation des instances de régulation, à des fins de verrouillage du paysage médiatique. Le ministre de la Communication a toutefois indiqué que sur les 1 100 dossiers déposés (pour la délivrance de la carte de presse), quelque 1 003 sont déjà traités, tout en rappelant que le gouvernement "ne fait pas de différence entre les journalistes de la presse privée et ceux de la presse publique". "Nous ferons tout ce qu'il faut pour arriver à instaurer les mêmes standards, dans le cadre de la professionnalisation de la presse", a-t-il ajouté. Sur le registre de la publicité, M. Grine a expliqué qu'il ne s'immisce jamais dans la gestion de la régie publicitaire publique Anep. "L'Anep est libre de donner la publicité, pas comme elle le veut, mais selon notre politique", a soutenu le ministre de la Communication, avant d'appeler les médias à "sortir de leur mentalité d'assistés". Plus explicite, il soutiendra que l'Anep se base sur deux critères : "la déontologie et l'éthique, et le tirage". Mais, il admettra que le dernier mot revient aux annonceurs, en notant que ces derniers "ne sont pas obligés de leur (les médias, ndlr) donner de la publicité". Une manière de contraindre les médias à être "inventifs et (...) créatifs". Concernant les créances des imprimeries publiques sur des journaux, le ministre les a estimées à 4 milliards de dinars (400 milliards de centimes). Il a affirmé que 50 à 60 milliards de centimes ont été récupérés, depuis sa nomination à la tête du département de la Communication, puis appelé les imprimeries publiques à n'accorder de crédits qu'aux journaux solvables. H. Ameyar/Agences