L'évolution de la presse en Algérie, sa professionnalisation, notamment après l'ouverture du champ médiatique, en 1989, et celle, récente, du champ audiovisuel aux opérateurs privés, a été le sujet débattu, hier, par la Radio nationale. Pour traiter de ce sujet, l'émission L'invité de la rédaction de la chaine III a reçu le ministre de la Communication, Hamid Grine. Le ministre a plaidé, à cette occasion, pour une presse "responsable qui assume son rôle d'information". "Nous voulons d'une presse responsable qui assume son rôle d'information, mais aussi sa responsabilité morale de donner une information source au citoyen", a indiqué M. Grine. "Il y a une presse à majorité vertueuse, malgré (l'existence) de certains journaux qui empruntent des chemins de travers et de la diffamation", a relevé le ministre, attribuant cet état de fait à la décennie de terrorisme durant laquelle la presse "a construit une opinion consommatrice d'attaques et de sensationnel". Certains directeurs de journaux "pensent qu'avec ces recettes faites d'insultes et de sensationnel, ils vont vendre plus", a déploré le ministre, faisant observer qu'"en dépit de la nature de l'amende ou de la peine (infligée au journal), le mal ne sera jamais réparé suite à des attaques infondées et injurieuses". Se référant au message du président de la République, Abdelaziz Bouteflika, à l'occasion de célébration de la Journée nationale de la presse, célébrée le 22 octobre de chaque année, M. Grine a estimé que la professionnalisation de la presse est tributaire de "l'adhésion des journalistes et des principaux acteurs, notamment les responsables de presse". "Le président de la République veut un engagement, un élan et une sincérité de la part des journalistes. Il veut des journalistes qui aiment leur pays, qui s'inscrivent dans la déontologie et l'éthique. Il leur dit: “soyez au niveau de vos aînés qui ont fait la Révolution et post-révolution”, a soutenu M. Grine, précisant que le message du président est "clair" à ce sujet. Evoquant l'Autorité de régulation de la presse écrite, le ministre a indiqué que sa mise en place nécessite un recensement des journalistes, précisant que sur les 1.100 dossiers déposés (pour la délivrance de la carte de presse), quelque 1.003 ont été déjà traités. Interrogé, d'autre part, sur la presse du secteur privé, M. Grine a précisé que le gouvernement "ne fait pas de différence entre les journalistes de la presse privée et ceux de la presse publique". "Nous ferons tout ce qu'il faut pour qu'on arrive à instaurer les mêmes standards dans le cadre de la professionnalisation de la presse", a-t-il ajouté. Récusant les lenteurs en matière de mise en place des aspects juridiques devant encadrer les médias, M. Grine signale qu'il a déjà installé la Commission de délivrance des cartes de journaliste et créé l'Autorité de régulation de l'audiovisuel. De la création d'une Autorité de régulation de la presse écrite, il signale que celle-ci est tributaire de l'identification, en cours, des gens de la profession. Revenant sur l'ouverture de l'audiovisuel dans les médias, le ministre de la Communication souligne que " sur la vingtaine de chaines qui activent ", cinq parmi elles ont déjà reçu leurs accréditions pour installer leurs bureaux à Alger. De la gestion du marché de la publicité en Algérie, M. Grine annonce l'institution, prochaine, d'une loi qui est en cours d'élaboration pour " réorganiser les activités des agences de communication ". Des " pressions " dénoncées sur " certains médias " par le biais de l'octroi de la publicité, l'invité appelle, sèchement, ces derniers " à sortir de leur mentalité d'assistés ", ajoutant que les annonceurs ne sont pas obligés de leur donner de la publicité.
Les espérances et inquiétudes des professionnels Ainsi, après les médias audiovisuels, la presse nationale sera, bientôt, dotée d'une autorité de régulation et d'un Conseil de l'éthique et de la déontologie. Longtemps revendiquées par les journalistes, ces instances de régulation ont pour objectif d'organiser le paysage médiatique et d'améliorer les conditions de travail des journalistes. Pour certains professionnels, l'installation de cette autorité représente l'aboutissement d'un long combat pour une presse crédible et de qualité. C'est l'avis de Kamel Amarni, secrétaire général du syndicat national des journalistes (SNJ) qui estime qu'il était plus qu'urgent de doter la presse algérienne d'une autorité de régulation du métier de journaliste et organiser les médias. Si toute la corporation salue l'installation de ces instances de régulation, certains professionnels redoutent, cependant, leur instrumentalisation pour réprimer la liberté d'expression.