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Aïn El Turck deux mois après la saison estivale : La cruelle déchéance des plages
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 23 - 11 - 2014

Ayant inspiré jadis nombre de professionnels du photoreportage d'outre-mer, les plages du littoral ouest sont malheureusement tombées depuis en décrépitude. En effet, devant l'indifférence manifeste, portant le voile de l'inaptitude, des uns et l'inconscience des autres, ces plages se sont transformées au fil du temps en de véritables décharges à ciel ouvert. Une diversité d'objets hétéroclites, d'ordures ménagères et de déblais, entres autres, tapissent désormais ces plages au point de recouvrir de considérables superficies de sable dans certaines zones. Hormis les volontariats, concoctés irrégulièrement, de temps à autre, par des associations à caractère caritative, aucune opération de nettoyage qui mérite d'être signalée n'a été menée pour tenter, un tant soit peu, de redorer le blason terni de cette prestigieuse côte qui faisait, dans un passé encore vivace, la fierté des riverains.
Le triste constat agresse le regard du plus imperturbable sur les plages des six localités côtières jalonnant le chef-lieu de la daïra d'Aïn El Turck. A St Roch, Bouiseville, St Germain ou Claire Fontaine, pour ne citer que ces localités à titre d'exemple, le contemplatif nostalgique a un pincement au cœur lorsqu'il est cruellement confronté au désolant spectacle qu'offrent ces plages qui étaient, pourtant, si belles quelques années auparavant. « Je fixe mes yeux au loin sur la mer et sur l'horizon en évitant intentionnellement de regarder au-dessous de mon balcon pour ne pas gâcher ma journée par le pitoyable paysage de la plage. N'existe-t-il pas un responsable jaloux de la beauté naturelle de ces lieux qui représentent tout un pan de l'histoire contemporaine de cette région côtière », s'est interrogé dépité un vieux riverain de la localité de Paradis Plage avant de renchérir « c'est une non-assistance à la protection et à la sauvegarde de l'environnement, qui devra être punie par la loi ».
Les vagues annonciatrices de l'automne ont, par la suite, charrié toutes sortes de détritus abandonnés par les estivants, avant de les éparpiller pour recouvrir de grands espaces devenus les lieux privilégiés de chiens errants et même de sangliers à la recherche de nourriture. Débarrassées d'une multitude de solariums encombrants, en grande majorité illicites, dont les exploitants ont causé énormément de contraintes et autant de désagréments aux estivants, ainsi que ces essaims de commerces bruyants, qui ont activé allégrement dans l'informel durant toute la période estivale, les plages du littoral ouest ressemblent aujourd'hui à des lieux qui auraient été balayés par un violent ouragan. Le lamentable éventail varié de détritus, qui jonchent depuis ladite période les kilomètres de plage de cette daïra, est hautement illustratif à l'œil nu. Il prend de l'ampleur au fil des jours avec d'autres dépôts de détritus et de déblais, une infraction perpétrée impunément au vu et au su de tout un chacun.
Il importe de noter effectivement que l'incivisme additionné au désintéressement et autres dérobades des premiers concernés par ce massacre ont grandement contribué au développement de cette situation de déliquescence. « Personne n'en semble vraisemblablement outré. Ne dit-on pas que la mauvaise conscience est l'épouse du père de la vilénie », a déploré un ancien habitant de la localité de Trouville. Des déclarations similaires, plus pertinentes encore, ont été formulées par un nombre indéterminé de riverains outrés au plus haut point. « Il est nécessaire, voire obligatoire, d'inscrire en priorité des opérations régulières et radicales d'assainissement. Elles s'avèrent d'ailleurs impératives pour une région qui prétend à la promotion du tourisme », a fait remarquer un fonctionnaire à la retraite avant de renchérir « les gestionnaires et leurs staffs, qui sont désignés aux destinées des communes côtières, devraient obligatoirement, non seulement jouir d'un certain savoir dans le domaine du tourisme, mais encore être astreints à suivre des stages de formation pour bénéficier d'un enseignement sur les différents volets afférents à la gestion de ce secteur névralgique. Nous sommes en droit de revendiquer la sauvegarde et l'amélioration du cadre de notre environnement », a martelé en substance notre interlocuteur. Toujours est-il que la puanteur insupportable qui se dégage des amas d'ordures, tout en embaumant l'air iodé, provoque la fuite du badaud non averti qui s'aventure pour une promenade sur le rivage de l'une de ces plages où la saleté est repoussante. Leur beauté d'antan n'est plus qu'un rêve pour les contemplatifs qui ont eu à admirer leur splendeur quelques années plus tôt.


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