La commune de Nezla, dans la daïra de Touggourt, panse ses plaies. Après la tempête qui a emporté deux jeunes et fait 39 blessés dont beaucoup sont sortis de l'hôpital, c'était le calme hier dimanche. Vendredi, cette petite commune avait vécu des moments terribles, des émeutes jamais vues jusque-là, mais qui ont, hélas, fait deux victimes, deux jeunes d'une vingtaine d'années dont la mort fait l'objet d'une enquête judiciaire. Au lendemain de terribles événements qui ont mis face à face des dizaines de policiers et de gendarmes et plusieurs centaines de jeunes émeutiers, les questions se posent: comment en est-on arrivés là? C'est un peu pour répondre à cette question et ramener le calme que le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, Tayeb Belaïz, a été dépêché sur les lieux samedi. Les mesures d'apaisement ont été dès lors multipliées par le gouvernement qui veut montrer qu'il a compris les doléances des habitants de cette commune dont la principale revendication, mal canalisée par les autorités locales, était la concrétisation de la promesse de la wilaya de distribution de 1500 lots de terrain. C'est le retard pris dans la distribution de ces lots de terrain qui a mis le feu aux poudres et fait sortir les gens de Nezla dans la rue. Et, pour vraiment montrer sa capacité à bien gérer la situation, le ministre de l'Intérieur avait ordonné samedi en fin de journée, après des discussions avec les notables de la ville et la société civile ainsi que les autorités locales, la libération des jeunes émeutiers qui avaient été arrêtés par les policiers anti-émeutes. C'est donc dans un signe d'apaisement que M. Belaiz avait souligné samedi soir qu'il a été convenu « aujourd'hui que ces jeunes peuvent rentrer dès à présent chez eux, en attendant que la justice suive son cours ». Auparavant, il avait lancé un appel « au calme et à opter pour le dialogue ». « Le dialogue est le moyen indiqué pour régler les problèmes soulevés ; la violence n'engendre que la violence qui, elle même, ne servira personne », a-t-il ajouté lors de ses discussions avec la société civile. Sur place, plusieurs décisions ont été prises donc pour répondre aux doléances de la population de la commune de Nezla. Le ministre a ainsi annoncé des « décisions préliminaires », notamment celles de suspendre de leurs fonctions le chef de la daïra de Touggourt et le chef de la sûreté de daïra, ajoutant que l'enquête se poursuivra pour « déterminer les autres responsabilités ». « D'autres mesures importantes ont également été prises, dont certaines seront mises en œuvre aujourd'hui ou demain, notamment celles liées au dossier d'attribution de lots de terrain à bâtir », a-t-il expliqué. Il a également tenu à rappeler que « les préoccupations soulevées (par les manifestants) seront prises en charge, progressivement ». En principe, des dispositions auraient été prises pour l'octroi de décisions d'affectation aux demandeurs de lots de terrains. Le nombre des lots de terrains à bâtir destinés à être distribués aux habitants de Nezla devrait dépasser les 1500 lots de terrains, dans un geste d'apaisement des autorités. Pour rappel, le ministre de l'Intérieur avait décidé l'octroi aux familles des deux victimes la somme de un million de dinars et un logement à chacune d'elles. Accompagné par le directeur général de la Sûreté nationale (DGSN), le général-major Abdelghani Hamel, du secrétaire général du ministère de l'Intérieur et des Collectivités locales, Ahmed Adli, et d'autres responsables de son département, M. Belaïz a par ailleurs fait le point avec les autorités de la wilaya de Ouargla sur les autres revendications des manifestants, dont l'approvisionnement en eau potable et l'électricité. A la suite de ces incidents qui ont fait deux morts, le procureur de la République territorialement compétent a ordonné l'ouverture d'une enquête « préliminaire » ainsi que l'autopsie des corps des deux victimes décédées. L'enquête devrait situer les responsabilités dans la mort des deux jeunes de Touggourt. Durant ces événements dont la principale revendication était l'octroi de lots de terrains à bâtir puis la libération des émeutiers et qui se sont transformés vendredi soir en batailles rangées avec les forces de sécurité, les émeutiers avaient lancé contre le siège de la sûreté de daïra des projectiles de toutes sortes et des cocktails Molotov, alors que la police a notamment répliqué avec des balles en caoutchouc.