L'Algérie occupe la 100e place sur 175 pays dans le classement de la corruption 2014 édité par Transparency International (TI). L'ONG de lutte contre la corruption a rendu, hier, son rapport annuel sur l'Indice de perception de la corruption (IPC) pour l'année 2014 où figurent 175 pays contre 177 pour l'édition 2013. «L'Algérie obtient encore une fois, et ce n'est pas une surprise, une très mauvaise note de 36 sur 100 et occupe la 100e place, soit le même score de 2013, mais avec un recul de 6 places», note l'Association algérienne de lutte contre la corruption (AACC) affiliée à TI. Pour l'AACC, «non seulement l'Algérie n'a fait aucun progrès» dans la lutte contre «l'avancée dévastatrice de ce fléau, mais plus grave, la seule volonté du pouvoir est de neutraliser toute perspective de lutte contre la corruption et ce, par tous les moyens». L'AACC énumère quelques-unes de ces «pratiques», telles que la «mauvaise législation anti-corruption (qui plus est non appliquée); justice complice et relais du pouvoir; organes de contrôle et institutions spécialisées gelés de fait; dénonciateurs systématiquement réprimés». Pour l'Association, la corruption en Algérie est un «instrument de pouvoir et du pouvoir à tous les niveaux». L'AACC estime aussi que les «transactions commerciales internationales de l'Algérie (sont) soumises à une corruption systématique». «Dans l'IPC 2014, l'Algérie a fait l'objet de 10 enquêtes et études d'organisations internationales indépendantes, enquêtes qui convergent toutes vers les mêmes résultats», indique l'AACC. L'Association rappelle que l'Algérie s'est classée à la 94e place en 2013 sur 177 pays. En 2012, le score de l'Algérie était de 3,4 sur 10 (105e place), alors qu'en 2011, elle avait obtenu «la note catastrophique de 2,9 sur 10» (112e place), «reculant de 7 places par rapport au classement de 2010», constate aussi AACC. Au classement 2014, l'Algérie est ex-aequo avec la Chine et le Suriname, avec un score de 36 points sur 100. Elle arrive derrière la Zambie (85e), l'Egypte, le Gabon, le Liberia et Panama (tous les quatre à la 94e place). Au Maghreb, l'Algérie est loin derrière ses voisins. La Tunisie occupe la 79e place avec 40 points/100, alors que le Maroc est à la 80e place avec un score de 39 points. Dans un communiqué, l'ONG Transparency International note que dans «cette 20e édition de l'Indice de perception de la corruption, la Chine (avec une note de 36 sur 100), la Turquie (45/100) et l'Angola (19/100) figurent parmi les pays enregistrant la plus forte régression, avec une chute de 4 à 5 points par rapport à l'année précédente, malgré une croissance économique moyenne de plus de 4% sur les quatre dernières années». «L'Indice de perception de la corruption 2014 montre que les abus de pouvoir des responsables politiques et des hauts fonctionnaires entravent la croissance économique et les efforts de lutte contre la corruption», affirme José Ugaz, président de Transparency International, cité dans le communiqué. «Certains élus corrompus font passer des capitaux d'origine frauduleuse dans des territoires pratiquant le secret bancaire par l'intermédiaire de sociétés offshore en toute impunité», poursuit Ugaz. L'ONG invite «les pays les moins bien classés» à «adopter des mesures anti-corruption radicales tournées vers leur population». Quant aux «pays les mieux classés», ils «doivent faire en sorte de ne pas exporter des pratiques de corruption dans les pays les moins avancés», poursuit le président de TI. Selon l'AACC, l'indice 2014 «utilise les données de 12 enquêtes portant sur des facteurs tels que l'application des lois anti-corruption, l'accès à l'information et les conflits d'intérêts». Par ailleurs, l'AACC «lance un appel à la société civile et aux médias» à célébrer le mardi 9 décembre, la 11e édition de la «Journée des Nations unies contre la corruption» qui sera placée sous le thème «Rompez la chaîne de la corruption !»