Sortant d'une année difficile, les Constantinois ont accueilli l'année 2015 par la célébration de la fête du Mawlid annabawi qui s'est passée dans le froid et la morosité des jours de pluie et de neige. Les enfants ont repris hier le chemin de l'école après avoir passé la totalité des vacances d'hiver à la maison, faute de loisirs de masse parce que, hormis le football, les spectacles et les manifestations culturelles sont devenus très rares sous le ciel constantinois. Aussi, après un week-end prolongé, les citoyens de la ville des ponts se sont retrouvés, hier, face aux soucis d'une vie quotidienne devenant de plus en plus chère avec le kilo de poulet qui a franchi la barre des 400 dinars et reste «accroché» depuis, quelques semaines en haut de la mercuriale à 420 dinars. Ceci dit, on peut toujours trouver du poulet de deuxième choix à 370, voire à 350 dinars le kilo. Et ce qui n'arrange rien, aussi, c'est que la pomme de terre, appelée «la viande des pauvres», a pris elle aussi de la distance dans la spirale infernale des prix et a remonté ces derniers jours à 70 dinars le kilo. Ces deux produits de base servant toujours d'indicateurs pour évaluer le niveau de vie du moment. Aux marchés populaires de la ville que nous avons visités hier, si la température était glaciale, la mercuriale chauffait. Les discussions se focalisent invariablement autour du prix du poulet. «On ne peut pas expliquer la flambée actuelle des prix des viandes ou des fruits et légumes par uniquement par les nouvelles dépenses générées par les fêtes du mawlid, a essayé de nous expliquer hier un marchand de légumes exerçant, depuis des dizaines d'années, sur cette vieille place marchande qui date de l'époque coloniale. Il faut chercher plutôt du coté des intempéries qui ont duré plus d'une semaine et ont fait que les récoltes n'ont pas été faites à cause de ce facteur contraignant, a-t-il poursuivi en ajoutant que la raison de la flambée des prix est à chercher du coté des prix des aliments du bétail et du poulet, les produits d'entretien des hangars pour la production de ce volaille, notamment le gaz butane, qui ont connu des augmentations effarantes. Ce qui a, selon notre interlocuteur, découragé la plupart des producteurs et les a poussé à mettre la clé sous le paillasson.». Et le poulet devenant rare, la loi de l'offre et de la demande a fonctionné, dira-t-il en concluant son propos. Et de nous montrer plusieurs étals de vente de poulet qui restent vides à cause de la réduction des quotas livrés par les producteurs encore en activité. Pour les viandes rouges, essentiellement le mouton et le bœuf, les tarifs n'ont pas changé : 1250 le kilo pour le premier et 750 dinars pour le second. En ce qui concerne les fruits et légumes, c'est une toute autre explication qu'ont avancée les marchands de détail, à savoir que les récoltes produites sous serres dans les wilayate du Sahara ( El Oued, Biskra...), devenues maintenant les traditionnels fournisseurs des régions nord, ont été empêchées d'arriver à cause de la neige qui est tombée en abondance sur les wilayates du Tell. «Et à cause de la pluie et de la neige qui sont tombées sur toute la région nord les récoltes n'ont pas été faites, les ouvriers agricoles rechignant à travailler dans de telles conditions, dans le froid et la boue des champs», ont expliqué de leur part les marchands de légumes. Et la boucle est bouclée. Si les prix des fruits de saison constitués actuellement et à 80 % de l'orange et de la mandarine restent raisonnables, ceux des légumes connaissent de légères augmentations. La tomate est passée de 80 à 100 dinars le kilo, la courgette dont le prix fluctue selon les évènements, est passée à 180 dinars, le kilo de haricots verts est remonté lui aussi à 240, le chou-fleur a «sauté» de 20 à 60 dinars et l'oignon sec a fait un petit pas en avant pour atteindre les 80 dinars le kilo. Et cette situation risque de durer encore quelque temps prévoient les marchandes de détail.