La situation du marché pétrolier, où les prix ont atteint hier mardi en débuts d'échanges les 45,36 dollars pour le brut américain (WTI) et 46,73 dollars pour le brut de référence de» la mer du Nord (Brent), est préoccupante. Les marchés Jsont en mode panique», selon des analystes. La baisse alarmante des cours du brut, depuis la réunion ministérielle de l'Opep en novembre dernier, a provoqué en fait un véritable branle bas de combat au sein de certains pays membres de l'organisation, dont le pétrole constitue l'essentiel des recettes d'exportations. Il en est du Venezuela, de l'Iran, mais également de l'Algérie qui a vu ses réserves de changes fondre de plus de 10 milliards de dollars en six mois. La décrue des recettes d'exportations d'hydrocarbures, qui ne devraient guère dépasser les 60 milliards de dollars en 2014, en est la principale raison. C'est un peu dans cette atmosphère de panique que le président vénézuélien Nicolas Maduro est arrivé hier à Alger, une étape d'un périple qui l'a déjà conduit à Ryadh et Téhéran. À Alger, Maduro, sérieusement remonté contre l'Arabie Saoudite, que tout le monde accuse d'avoir fait pression pour le maintien du plafond de production de l'OPEP à 30 millions de B/J, devait discuter avec les responsables algériens, en particulier avec le président Abdelaziz Bouteflika, de la meilleure position à prendre pour redonner des couleurs au marché pétrolier. Mais, surtout, créer un front au sein des pays-Opep contre l'Arabie Saoudite et provoquer une réunion d'urgence de l'organisation, au moins d'ici mai prochain, pour revoir le plafond de production des pays producteurs membres. Sur un autre registre, il s'agit également, dans la même démarche, de sensibiliser les pays producteurs non membres de l'Opep à rationaliser leur offre sur le marché, arrivé à d'inquiétants niveaux de saturation par une abondance de pétrole de schiste américain. Les entretiens entre les présidents Bouteflika et Maduro «seront l'occasion pour une concertation entre l'Algérie et le Venezuela (...) au sujet de l'actuelle crise des prix du pétrole, et sur les voies et moyens de parvenir à leur redressement, dans le cadre d'un effort élargi aux producteurs non-Opep», indique un communiqué de la présidence. Avant Alger, Maduro s'était rendu dimanche en Arabie Saoudite, et la veille en Iran. Le périple du président Vénézuélien a coïncidé hier avec un nouveau plus bas des cours du brut sur les marchés asiatiques, où le pétrole frôle des plus bas depuis six ans en raison d'une offre surabondante, mais se maintenant au-dessus du seuil des 45 dollars le baril. Pis, les analystes prédisent un passage du Brent sous les 40 dollars dans les prochains mois. La banque d'affaires Goldman Sachs anticipe pour le brut «WTI» à 41 dollars dans trois mois, à 39 dollars dans six mois avant un rebond jusqu'à 65 dollars dans un an, contre respectivement 70 dollars, 75 dollars et 80 dollars estimés auparavant, dans une note. À Alger, Maduro, sérieusement remonté contre l'Arabie Saoudite, que tout le monde accuse d'avoir fait pression pour le maintien du plafond de production de l'OPEP à 30 millions de B/J, devait discuter avec les responsables algériens, en particulier avec le président Abdelaziz Bouteflika, de la meilleure position à prendre pour redonner des couleurs au marché pétrolier. les experts de la banque prévoient un baril à 42 dollars dans trois mois, à 43 dollars dans six et à 70 dollars l'an prochain, contre 80, 85 et 90 dollars précédemment. LES MARCHES EN MODE «PANIQUE» Lundi, le baril de «light sweet crude» avait perdu 2,29 dollars à 46,07 dollars, sur le New-York Mercantile Exchange (Nymex), terminant à son plus bas niveau en clôture depuis le 11 mars 2009. A Londres, le Brent coté sur l'Intercontinental Exchange (ICE) avait clôturé à 47,43 dollars, en baisse de 2,68 dollars, une première sous le seuil symbolique des 50 dollars depuis le 28 avril 2009. Pour le Sahara Blend, brut algérien, il faudrait ajouter au moins 5 à 6 dollars par rapport au cours du Brent. Selon un analyste sur le marché australien, «la chute des prix du brut est déconcertante». «Nous devons attendre des baisses de production de gaz de schiste aux Etats-Unis pour renverser les excédents et stabiliser les prix», estime le même analyste de marché pour qui »le marché est en mode panique pour le moment et nous assistons à des retraits» importants de positions des opérateurs. Une situation qui commence à faire bouger certains membres de l'Opep des pays du Golfe. Suhaïl Mazroui, ministre émirati du pétrole a souhaité hier mardi 'une rationalisation de la production des pays non membres de l'Opep, en insistant sur le fait que le niveau actuel des prix ne pouvait être maintenu». «Nous disons au marché et aux autres producteurs d'être rationnels, de suivre l'Opep et d'agir pour une croissance du marché», a-t-il souligné, avant de déclarer que « l'Opep ne peut plus protéger» le prix du baril de pétrole. «Nous avons connu une surproduction, venant essentiellement du pétrole de schiste, et cela doit être corrigé», a-t-il ajouté. Pour autant, à Téhéran, on hausse le ton : «ceux qui ont planifié la baisse des prix du pétrole contre certains pays devraient savoir qu'ils le regretteront», a déclaré le président Rohani, visant directement l'Arabie Saoudite.