Qu'est-ce qui valait la petite virée hier main à Oran du président du Sénégal, en visite d'Etat en Algérie depuis lundi ? La réponse est presque évidente quand on sait que le circuit de la visite éclair à Oran du chef d'Etat sénégalais, M Macky Sall, comportait un seul point, à savoir le complexe GNL 3 du pôle pétrochimique d'Arzew. Le Sénégal, pays subsaharien en crise énergétique, a en effet tant besoin du gaz algérien. Précisément, c'est le butane qui intéresse le Sénégal, connu par sa politique de « butanisation » remontant au temps de son premier président M. Léopold Sédar Senghor (1960-1980), et dont l'idée-force était de remédier aux causes de la désertification par la substitution du gaz butane au charbon de bois, en subventionnant généreusement ce nouveau produit énergétique pour les ménages. « Le Sénégal a bien évidemment besoin d'énergie. Pour notre pays subsaharien, c'est la butanisation qui est de mise. Cette politique a été lancée il y a plusieurs années dans un contexte de lutte contre les facteurs de déforestation. De tous les produits du gaz naturel liquéfié, ce qui nous intéresse principalement, c'est donc le butane. Notre besoin énergétique en gaz est actuellement de l'ordre de 160.000 tonnes par an. Il atteindra à moyen terme environ 200.000 tonnes par, sachant que le taux de croissance au Sénégal est de 10% . Nous avons lancé, il y a près d'un an, un nouveau plan énergétique au Sénégal. Avec l'Algérie, nous allons conclure un partenariat en matière d'approvisionnement énergétique (...) Je parle toujours de partenariat gagnant-gagnant' et je n'aime pas la formule aide', car je ne viens jamais pour tendre la main », a déclaré le président du Sénégal en réponse à la question d'un journaliste, lors d'un point de presse « très court » improvisé en marge d'une collation offerte par le groupe Sonatrach sur son site GNL 3Z, dans la zone industrielle d'Arzew. La veille de la visite, à la faveur d'un briefing avec la presse tenu à l'hémicycle de la wilaya d'Oran, le chargé de la communication de la présidence de la République avait tenu à souligner qu'aucune déclaration à la presse n'était prévue dans le programme, manière bien polie de demander aux gens de la presse de se contenter de couvrir l'évènement dans le strict respect des restrictions dictées par les consignes protocolaires. Or, il a suffit que les journalistes sollicitent une petite communication avec le chef d'Etat sénégalais ou, éventuellement, des membres de son gouvernement qui l'accompagnaient, pour que le protocole présidentiel sénégalais accepte avec beaucoup d'amabilité. L'occasion a été ainsi offerte à M Macky Sall pour faire l'éloge, encore une fois, du secteur des hydrocarbures en Algérie à travers sa locomotive, la compagnie algérienne des hydrocarbures Sonatrach. « Cela fait plaisir à toute l'Afrique de voir les technologies de dernière génération au niveau de toute la chaîne de production du groupe Sonatrach, y compris dans le maillon de la liquéfaction du gaz », a déclaré le président du Sénégal. Peu auparavant, dès la présentation d'une fiche technique globale par data-show du pôle d'Arzew, qui comprend 11 complexes et une vingtaine d'unités de production, M. Macky Sall s'était exclamé : « Je suis vraiment très impressionné par les nouvelles technologies dont dispose Sonatrach en matière de GNL, mais aussi ses volumes de production ». La séance de présentation a eu lieu au centre de commande du méga-train GNL 3, inauguré en novembre 2014 par le Premier ministre Abdelmalek Sellal, et entré en production près de cinq mois avant, en juin de la même année. Sur place, le chef d'Etat sénégalais et son staff gouvernemental qui l'accompagnait ont reçu des informations sur cette mégastructure de raffinage, qui produit 4,7 millions tonnes/an de GNL, 275.000 m3/an de propane, 56.000 m3/an de butane, 1.800 m3/an de gazoline et 300.000 m3/an d'éthane, avec à clé une capacité de stockage de 320.000 m3 et un ambitieux projet d'extension de moyens de stockage en perspective. Par ailleurs, le président de la République du Sénégal a insisté sur la nécessité d'identifier les voies et moyens d'approfondir la coopération entre les deux pays, y compris dans le domaine économique où « des opportunités réelles existent ». Il a mis l'accent sur les secteurs de l'agro-alimentaire et de l'industrie pharmaceutique, notamment. « C'est dire les larges potentialités qui peuvent être exploitées par les hommes d'affaires des deux pays pour booster le volume des échanges commerciaux », a-t-il souligné.