Non, je ne parlerai pas des « évènements de Paris ». C'est de l'histoire ancienne. Déjà. Ni d'Ahmed Merabet, enterré comme on lève une séance, après une réunion trop ennuyeuse. Ni de la France, et d'autres pays du Vieux Continent, qui se « tiermondisent » à vitesse grand V. Ni du pape François pour lequel « personne n'a le droit d'insulter la foi des autres ». «Parce que face à de si grandes impostures, je me dis qu'il y a bien plus de philosophie morale dans un épisode de Rahan que dans toute la parole pontificale! Doit-on, pour le salut de nos âmes égarées, retourner à la lecture des Rubaïyat de Omar Khayyâm » interroge le chroniqueur, un ami, optimiste à faire sourire un macchabée ! La bonne question : lequel de notre Etat perdant-perdant ou de notre bled gagnant-gagnant doit monter sur le dos de l'autre pour aller scier la branche vermoulue sur laquelle sont assis les Algériens qui ne veulent plus regarder ensemble dans la même direction ? La moitié des Algériens rêve, la tête dans les nuages, « du dernier voyage », préférable à une vie ici-bas qui ne vaut plus le coup d'être vécue ! Entre-temps, l'autre moitié, celle du monde d'ici-bas, est toujours à s'interroger s'il faut continuer à se nourrir pour vivre ou simplement vivre pour boustifailler en circuit fermé, la bouche béante, en attendant, elle aussi, le « dernier voyage » de la vie éphémère vers le monde immortel du trépas. Parce que sous nos cieux ombragés, à regarder de près l'avancée triomphante de l'almanach algéro-algérien, il y a au moins une bonne raison de penser à recréer le monde sans nous. Partie des aurores novembristes, l'Algérie s'est payée un repos mérité par un étincelant soleil de juillet jusqu'à l'arrivée des premières secousses, chargeant son ciel, faussement serein, de gros cumulus, menaçant de nous mouiller jusqu'à l'os. Un pied par terre et le dos au mur, le pays de l'Emir Abdelkader s'imposa un arrêt d'urgence forcé, jusqu'à ce que des «mains invisibles» le conduisent dans le gigantesque atelier de tous les rafistolages. Arriva l'ère de la GPA (Gestion par l'Absurde !), puis le jour où le pays se fatigua définitivement. Il aménagea son emploi du temps à sa guise, faisant de son semi-week-end, de ses fêtes nationales et religieuses, des jours (sur) fériés puis des «jours sans» la sève (sur) vitale d'un calendrier sans temps ni âge. Et parce que justement, il est connu et reconnu que l'âge opère des ravages là où le temps demeure indécis, l'Algérie s'est retrouvée à se reposer six mois par an, prendre congé en triple détente trois mois par an, faire la fête en petit et grand format quatre semaines tous les mois et travailler une demi-journée tous les deux lustres, pour boucler la boucle avec un demi-congé national dès l'annonce du mois de tous les soucis. Au point que sur la tombe de chaque Algérien fatigué de vivre, une main à sept doigts fera graver en lettres dorées: «ici repose Larbi, qui s'est reposé toute sa vie...!».