Malgré les assurances de Sellal et Yousfi, la protestation contre l'exploitation du gaz de schiste s'est poursuivie au sud du pays, à In Salah, Tamanrasset, Ouargla, El-Menia, Ghardaïa, El-Oued et Adrar. Les habitants d'In Salah campent sur leur position en exigeant un décret présidentiel pour l'arrêt définitif de l'exploitation du gaz de schiste et accusent le gouvernement de double langage. Selon un représentant des protestataires d'In Salah, les déclarations du Premier ministre concernant l'exploitation expérimental du gaz de schiste sont contredisent celles du PDG de Sonatrach qui s'est exprimé à la Chaîne III le 11 janvier. «Pas moins de 70 milliards de dollars vont être investis sur 20 ans par l'Algérie pour développer l'exploration et l'exploitation du gaz de schiste à raison du forage de 200 puits chaque année», avait-il annoncé à la radio en précisant « qu'il s'agit-là d'une décision incontournable ». Donc 4000 puits de gaz de schiste seront exploités d'ici 2034. Jeudi à Adrar, une centaine de personnes ont marché pacifiquement depuis la bibliothèque communale contre l'exploitation du gaz de schiste avant d'observer un sit-in de devant le siège de la wilaya. A Ouargla, près de 300 personnes se sont rassemblées à la place Souk Lahdjar'' en brandissant des banderoles et scandant des slogans appelant à l'arrêt du projet d'exploitation du gaz de schiste avant de se disperser en milieu de journée dans le calme, rapporte l'APS. A Tamanrasset, des centaines de personnes, en majorité des étudiants, se sont regroupés sur la place du 1er-Novembre dans le cadre d'une action pacifique de protestation. L'action de protestation enclenchée depuis plusieurs jours à In-Salah s'est poursuivie jeudi par une marche pacifique à laquelle ont pris part des gens de différentes catégories sociales à travers les principales artères de la ville. Abdelmalek Sellal avait réitéré mercredi que le gouvernement n'envisageait pas d'entamer l'exploitation du gaz de schiste à court terme, mais qu'il s'agissait seulement d'une phase d'étude et d'exploration. « Nous ne sommes pas à l'étape d'exploitation du gaz de schiste », a-t-il clairement affirmé lors de l'émission «Hiwar Essaâ» (le débat de l'heure) de la télévision algérienne, expliquant que les forages entamés par Sonatrach dans la région sont plutôt des opérations d'études à même d'élucider les techniques utilisées dans ce domaine. Pour sa part, le ministre de l'Energie, M. Youcef Yousfi, a indiqué jeudi que l'Algérie n'était qu'en phase d'évaluation de ses réserves de gaz de schiste, une étape qui va s'étaler sur quatre années. « Actuellement, nous sommes en phase d'évaluation des techniques d'extraction et d'étude de rentabilité commerciale du bassin d'Ahnet », a déclaré M. Yousfi lors de son audition par la commission des affaires économiques, du développement, de l'industrie, du commerce et de la planification de l'Assemblée populaire nationale. Il a précisé que Sonatrach n'a procédé au forage des deux puits pilotes d'Ahnet (In-Salah) qu'après avoir obtenu l'autorisation de l'Agence nationale de valorisation des ressources en hydrocarbures (Alnaft). Ces puits ont été forés conformément à la réglementation relative à l'exploitation des hydrocarbures non conventionnels, prévue par la nouvelle loi sur les hydrocarbures. Et le ministre d'affirmer « ne rien cacher » sur ces forages expérimentaux. Et d'expliquer que Sonatrach produit du gaz non conventionnel dans le bassin d'Ahnet depuis presque trois ans, mais qu'il s'agit, selon lui, d'une « production expérimentale » entamée en 2012 avec un volume de 40.000 m3/jour pour passer à 200.000 m3/jour en 2014 et doubler incessamment pour atteindre 400.000 m3/jour. Sonatrach va maintenir cette production qui sert à alimenter une centrale électrique à In Salah, pendant quatre ans, le temps qu'elle achève l'évaluation des techniques d'extraction du bassin d'Ahnet et l'étude de sa rentabilité commerciale, a-t-il affirmé.