L'informel semble de plus en plus menaçant pour les fondements de l'économie nationale, selon le ministre du Commerce Amara Benyounès. « L'ampleur de l'informel ne touche pas uniquement au commerce mais à plusieurs branches d'activité ». Le phénomène de l'informel « affecte plusieurs branches d'activité à des degrés différents notamment les services, l'industrie de transformation (agroalimentaire, cosmétique, textiles, cuir, matériaux de construction ), l'agriculture et la distribution tant au niveau du gros que du détail », a indiqué hier le ministre du Commerce Amara Benyounès lors de son intervention lors de la journée d'études organisée par le ministère du Commerce avec la collaboration de l'Ecole supérieure du commerce et de l'Ecole des hautes études commerciales. Rien que pour le commerce, l'on estime au département de Benyounès qu'au titre des 4 dernières années un montant global de 206,5 milliards de DA a échappé à la fiscalité du fait des pratiques frauduleuses. Les causes sont imputables à l'ouverture du marché national qui a été investi par « une multitude d'opérateurs privés le plus souvent sans qualification ni savoir-faire en matière de négoce et ne disposant pas pour la plupart d'entre eux d'infrastructures adéquates pour l'exercice de ce genre d'activité ». L'activité du commerce informel qui n'était qu'embryonnaire se limitant aux activités commerciales auxquelles se livrait une frange limitée de la population (chômeurs ou personnes à la recherche de ressources supplémentaires pour subvenir aux besoins de la famille), a depuis connu une expansion dangereuse pour obéir finalement à des objectifs occultes et des motivations de gain facile, d'enrichissement illicite et d'évasion fiscale. Le ministre est catégorique sur la menace que représente le commerce informel sur l'outil national de production et qui risquerait de « mettre en péril les fondements de l'économie nationale », assène-t-il. Les solutions résident, selon le ministre, dans l'absorption et l'insertion des activités commerciales informelles. Le chiffre donné indique bien que l'informel représente entre 40 et 60% des activités commerciales. Le ministre a souligné la nécessité de redynamisation de l'outil national de production et la stimulation des investissements productifs ainsi que le renforcement du contrôle de l'activité commerciale et le commerce extérieur. Benyounès est revenu sur l'impératif de la création d'entreprises spécialisées dans la distribution qui manquent grandement dans le pays et a fait part également du manque d'infrastructures commerciales, manque qui est à l'origine de l'occupation de l'espace public par le commerce informel devenu un fardeau pour les pouvoirs publics. Benyounès donne le chiffre de 12 milliards de DA pour la réalisation de marchés de proximité et de la réalisation de marchés couverts plan (2010- 2014). Parmi les avantages octroyés, il y a l'exonération des commerçants nouvellement installés. Ils bénéficieront d'abattement sur une période de 3 ans. Le ministre a fait part également de réalisation et réhabilitation de 32 marchés de gros et 241 marchés de détail de fruits et légumes pour un montant de 5,9 milliards de DA.