Nouvelle rencontre à Alger, ce mardi, entre l'Algérie et l'Union européenne pour un dialogue politique de « Haut niveau » sur l'énergie et le climat. Le Commissaire Miguel Arias Canette, en charge du climat et de l'énergie, est attendu, mardi 5 mai à Alger, pour relancer un dialogue de Haut niveau en matière énergétique et de coopération dans les politiques de prévention et de protection climatique dans la zone euro-méditerranéenne. Ainsi, après la Turquie, l'Algérie est le deuxième partenaire avec lequel l'Europe lance un partenariat de « Haut niveau » dans les domaines-clés de l'énergie et du climat. Etant le deuxième fournisseur en gaz de l'Europe, après la Russie, l'Algérie est au centre de la coopération euro-méditerranéenne en matière énergétique, domaine stratégique par excellence sur lequel reposent tant les économies des partenaires que les perspectives géostratégiques dans la région euro-méditerranéenne. Et c'est précisément cette « sensibilité » du domaine énergétique qui complique, paradoxalement, les termes de la coopération et froisse souvent ses dérivées au niveau politique. Force est de constater qu'au-delà du volume d'échange commercial entre les deux partenaires, les rendez-vous politiques ont été rarement empreints de sérénité, souvent marqués par la méfiance, le doute et les a priori. L'Algérie et l'UE, et plus généralement l'UE et ses partenaires du sud Méditerranée n'ont jamais cessé de construire, puis de reconstruire des politiques de coopération sans trouver une trame consensuelle qui fixe des perspectives communes sur le long terme. Entre les accords d'association, la Politique européenne de voisinage (PEV) et l'Union pour la Méditerranée (UMP), la coopération patine et dépasse rarement le stade des bonnes intentions. Dans ce dialogue de « Haut niveau », l'Europe affirme l'accompagner d'exigences politiques, notamment en matière de défense et promotion des libertés et des droits humains, soit les fondements de régimes démocratiques ; conception que les pays du sud méditerranéen accueillent comme une atteinte à leurs souverainetés nationales, pour ne pas dire des manœuvres dilatoires pour soumettre leurs marchés économiques nationaux à celui de l'Europe libérale. Du coup, la coopération se résume en un partenariat en dents de scie, revu et reconstruit indéfiniment sans portée sur un avenir commun partagé. Interrogé en début de semaine à ce sujet par l'Agence d'information Europe, l'ancien diplomate algérien en poste à Bruxelles, M. Halim Benattalah, qui a conduit la signature de l'accord d'association Algérie-UE, entré en vigueur depuis septembre 2005, n'y va pas du dos de la cuillère : « La Politique européenne de voisinage est une fiction et non une vision stratégique. Un objet non identifié qui n'a servi qu'à répondre à des intentions ponctuelles, centrées sur les priorités européennes », avant d'ajouter que « l'approche ressemble à un millefeuille dont les couches - accords d'association, PEV et UPM - sont superposées mais mal séparées. La valeur ajoutée de cette subtile complexité n'a été ni perceptible ni convaincante. Elle s'est effritée sous la pression des événements » (Dépêche Agence Europe du 30 avril 2015 - Fathi B'chir). Les pays du sud Méditerranée ont-ils tort de soupçonner l'Europe « d'hypocrisie » calculée dans leur pratique diplomatique ? Pas nécessairement : les guerres en Libye, Syrie et les séismes politiques qui ont secoué la Tunisie, l'Egypte et ailleurs comme en Afrique de l'Ouest sont des arguments avancés par les régimes politiques épargnés par le « printemps arabe » pour déconstruire le discours européen sur la liberté et les droits humains. Ils se présentent aussi comme la « garantie » des intérêts économiques européens dans la zone méditerranéenne, offre que les Européens ne négligent nullement, en particulier lorsqu'il s'agit d'intérêts aussi sensibles que ceux de leur dépendance énergétique. C'est cette situation de balancier entre l'économie et la politique avec ce qu'elle contient comme principes de promotion de liberté et de démocratie qui conduit à un marchandage permanent entre l'Europe et le sud Méditerranée, plutôt qu'à une construction commune d'un avenir commun pour les générations futures. Signalons qu'après l'Algérie, le Commissaire européen poursuivra, le lendemain, sa visite au Maroc pour les mêmes motifs avant de présider, toujours au Maroc, la Conférence de Haut niveau de l'UE pour la Méditerranée sur le changement climatique.