Les enjeux de la psychiatrie à l'hôpital général» est le thème d'une journée scientifique qui se tiendra le 2 juin prochain au centre hospitalo-universitaire d'Oran pour discuter du diagnostic et du traitement efficace de la dépression et des autres affections psychiatriques auprès des patients hospitalisés dans les services de médecine, a-t-on appris hier auprès de la cellule de communication de l'hôpital d'Oran. Un riche programme a été concocté par les organisateurs de cette journée dont la coordination scientifique a été assurée par le docteur Aïcha Dahdouh Guermouche, psychiatre au service des urgences psychiatriques. Des intervenants de différentes disciplines et régions d'Algérie vont débattre de ces questions et confronter leurs réflexions sur la place de la psychiatrie au sein des établissements de soins généraux. «Les objectifs de l'activité de psychiatrie de liaison s'orientent dans une part importante vers la prise en charge de patients souffrants de troubles d'ordre psychiatrique associés à leurs pathologies médicales ou chirurgicales. On connaît la prévalence et l'importance de telles comorbidités. A titre d'exemple, on estime que plus de 30 % des patients hospitalisés pour diabète, que 30 à 45 % de ceux qui sont traités pour infarctus du myocarde, et que plus de 40% de ceux qui sont soignés pour cancer, souffrent de dépression le plus souvent méconnue ou insuffisamment diagnostiquée. Cette prise en compte devient essentielle quand on sait que la dépression altère la qualité de vie, engendre un handicap fonctionnel, réduit l'activité physique, entraîne l'isolement social, la négligence de soi, la mauvaise observance des traitements et l'excès de tabagisme. Quand elle n'est pas traitée, elle aggrave le pronostic des affections médicales et augmente de manière significative le risque de mortalité. Pour toutes ces raisons, la dépression et les autres affections psychiatriques doivent être dépistées et traitées efficacement auprès des patients hospitalisés dans les services de médecine. Nous constatons en effet que les demandes de soins psychiatriques au sein de ces services sont de plus en plus importantes et rendent nécessaire une réflexion sur le développement et l'organisation de la psychiatrie de liaison et de la mise en place au sein du CHU d'Oran d'une équipe comprenant psychiatres, psychologues et infirmières, qui sera dédiée spécifiquement à cette mission. Nous manquons encore de références sur les schémas organisationnels d'une telle activité et d'un cadre juridique concernant le déploiement de la psychiatrie de liaison au sein des établissements de soins généraux», précisent les organisateurs. La psychiatrie à l'hôpital général est un thème d'actualité et sa pratique suscite un vif intérêt. Elle engendre bon nombre d'interrogations, notamment chez les psychiatres et professionnels de la santé mentale travaillant aux CHU et autres établissements de soins généraux. La psychiatrie s'est émancipée par rapport à la médecine en créant des lieux spécifiques de soins que sont les hôpitaux psychiatriques mais elle est demeurée présente dans les établissements généraux où psychiatres et somaticiens ont tissés différents liens témoignant d'un souci d'éviter le morcellement d'une médecine d'organe, le clivage psyché/soma et de recentrer les soins sur l'unité de la personne malade. Médecins somaticiens et psychiatres savent tout l'intérêt à travailler ensemble et comprennent que leurs malades ont tout à gagner d'échanges réguliers et constants entre les différentes disciplines. L'ensemble de ces démarches et pratiques s'inscrit dans ce qu'il est communément appelé la psychiatrie de liaison, qui représente une discipline à part entière exigeant des compétences à la fois psychiatriques et médicales. Elle détermine ainsi un vaste champ d'interventions et d'activités dépassant assez largement le cadre traditionnel de la psychiatrie