En ce trente-quatrième jour du procès en appel de l'affaire Khalifa Bank, tous les regards étaient braqués sur la défense de Rafik Abdelmoumène Khalifa en attendant des révélations qui pourraient innocenter leur client. Mais avant les avocats de Khalifa, il y eut le passage à la barre de deux défenseurs des accusés Toudjane Mouloud et Rédha Abdelouahab, le premier ayant été employé au sein de la direction de la comptabilité de Khalifa Bank et le second, garde du corps et homme de confiance du PDG du groupe Khalifa. Les avocats du premier, M. Toudjane, mirent l'accent sur le fait que leur client était employé au sein de la banque comme tous les autres employés et qu'il est, à ce jour, en poste avec le liquidateur. Ils rappellent que M. Toudjane a été acquitté en 2007 des charges de constitution d'association de malfaiteurs, abus de confiance et escroquerie. Ils insistent aussi sur le fait que leur client avait refusé de signer les 11 EES et qu'il avait écrit un rapport détaillé pour l'envoyer à la direction générale de Khalifa Bank, sur toutes les irrégularités constatées. Ils affirment que ceci est une preuve de l'innocence de leur mandant et demandent la relaxe pure et simple. Pour M. Rédha Abdelouahab, les défenseurs relèvent qu'il n'y a aucune preuve étayant l'accusation de vol qualifié ou d'association de malfaiteurs et notent que l'arrêt de renvoi ne comporte pas l'accusation de vol qualifié. L'un des avocats demande même au tribunal de dire ce qu'a bien pu voler son client qui travaillait chez Khalifa Abdelmoumène en s'occupant de sa sécurité et des besoins de la famille. Ils rappelèrent que M. Rédha Abdelouahab avait une instruction assez élevée et qu'il était commandant au sein de l'ANP avant de quitter cette institution pour des raisons de santé. Ils précisèrent que leur mandant ramenait chaque fin de mois des enveloppes de la banque pour le paiement des employés de la maison, rien de plus. Comme pour le précédent client, ils demandèrent l'acquittement. Vint ensuite le tour du premier avocat de Rafik Abdelmoumène Khalifa, Me Merouane Medjhouda, qui a annoncé avoir déposé plainte auprès du procureur général près la cour de Blida contre le gouverneur de la Banque d'Algérie, son adjoint, l'administrateur de Khalifa Bank, le directeur de l'inspection générale de la BA et le liquidateur de cette dernière pour avoir commis des faits punis par la loi, et ce, dans le cadre des opérations de contrôle opérées par la Banque d'Algérie et des opérations de gel des activités de Khalifa Bank ainsi que tout ce qui a suivi, jusqu'à la liquidation. L'avocat annonce que tout ce qui concerne ces plaintes est consigné dans un rapport qu'il a remis au représentant du ministère public ainsi qu'au tribunal. Le défenseur déclare que des irrégularités et des actes répréhensibles ont été commis par les personnes sus citées au cours des différentes étapes ayant conduit à la liquidation de Khalifa Bank, tout en devançant le rejet de sa plainte par le procureur général pour extinction de l'action judiciaire à cause du temps trop long pour ce dépôt, en rappelant que la liquidation de la banque n'est pas encore close, ce qui rend possible d'autres poursuites judiciaires. Me Medjhouda entama sa plaidoirie par le rappel des différentes étapes par lesquelles est passé Abdelmoumène Khalifa pour la création et le lancement de sa banque, ce qui était extrêmement difficile à l'équipe et il qualifia cette création de véritable aventure pour son client. Il affirma aussi que, contrairement à ce qui a été dit par le procureur général, son client était de bonne foi et il voulait réellement investir dans son pays. «Il n'était pas seulement dans les banques mais, avant, il avait aussi investi dans la pharmacie», a précisé l'avocat. Il continua en rapportant que Khalifa Bank est passée à une deuxième étape au cours de laquelle elle s'est lancée dans l'investissement dans divers créneaux avec l'ouverture des filiales, comme Khalifa Airways, Khalifa Rent a Car ou Khalifa Construction. La troisième phase est considérée par Me Medjhouda comme étant celle de la provocation de la part de la Banque d'Algérie qui, déclare l'avocat, n'a pas laissé son client travailler tranquillement. Continuant sa plaidoirie, le défenseur de Khalifa estime que la phase qui a suivi a été celle de la conspiration, pour mettre en œuvre la liquidation de Khalifa Bank qui était d'ailleurs programmée dès le début. Me Medjhouda précisa ensuite que la responsabilité du liquidateur est entière puisqu'il devait tout faire pour la protection du patrimoine mobilier et immobilier de la banque, chose qu'il n'a pas réussie, toujours selon l'avocat. Il donna pour exemple à cette affirmation le vol du matériel électronique du magasin de la filiale Khalifa Informatique et l'achat des unités de dessalement d'eau de mer. Le défenseur de Khalifa demanda ensuite au tribunal de refuser les témoignages des fonctionnaires de la Banque d'Algérie ainsi que la constitution de la Banque d'Algérie comme partie civile. Il nota aussi le fait que le liquidateur ne s'est pas fait seconder par des commissaires aux comptes, ce qui est contraire à la loi. L'avocat s'est ensuite demandé pourquoi, dès le début, il n'y eut de recherches que dans le but d'enfoncer son client qui fait face à 10 accusations très lourdes, sans qu'il y ait, une seule fois, recherche de preuves à son avantage. Quant à la villa de Cannes, il rappela qu'elle ne pouvait être citée dans cette affaire car elle n'apparaît pas dans l'arrêt de renvoi et constitue une affaire à part. Concernant les deux actes pour hypothèque qui ont été falsifiés, le défenseur s'est demandé par quel moyen ils sont tombés entre les mains du tribunal car ces deux actes ne le concernent en aucune manière, appartenant à une entreprise spécialisée dans la plomberie. L'avocat termina sa plaidoirie en démontant toutes les charges retenues contre son client, comme la constitution d'association de malfaiteurs, puisque Khalifa Bank était agréée par l'Etat, ou le vol qualifié puisque, les entreprises publiques et les particuliers ont déposé leurs avoirs de leur pleine volonté alors que l'accusation de vente à perte n'avait pas lieu d'être car Khalifa Bank faisait d'importants bénéfices et il en donna pour preuve la somme de 300 milliards de centimes réclamée par les impôts, ce qui prouvait la bonne santé de Khalifa Bank. Enfin, le juge Antar Menouar a annoncé qu'aujourd'hui dimanche sera certainement le dernier jour du procès et verra les plaidoiries du deuxième avocat de Khalifa ainsi que celui de Me Rahal. Il demande aussi aux accusés d'être présents pour qu'ils puissent prendre la parole et ajouter quelque chose qui les aide pour leur défense.