Les Algériens sont devenus des machines à manger et surtout à gaspiller durant ce mois censé être celui de la piété et de la solidarité. A cette occasion, certains commerçants changent illicitement leur commerce adaptant ainsi leur activité aux spécificités du mois sacré, bien que l'exercice de cette activité ait fait l'objet depuis quelques années d'une mesure faisant état de sa soumission à l'inscription au registre de commerce. Ce fut sans succès. Les commerces de zlabia, qalb ellouz et autres gâteaux orientaux, très prisés par les consommateurs, font partie des caractéristiques liées à ce mois et aux habitudes culinaires bien spécifiques. Avec l'arrivée du ramadhan, la plupart des restaurateurs, cafés, fast-foods et autres s'improvisent vendeurs de gâteaux, notamment le qalb ellouz et la zlabia. Ils ne se permettent aucun répit tant les bénéfices sont importants. Et ils exposent également des gâteaux et brioches dans leurs échoppes. Pour faire face à ce fléau qui ne cesse de concurrencer dangereusement le commerce officiel, la direction du commerce a rappelé les conditions d'exercice de l'activité de préparation et de commercialisation des pâtisseries orientales, à l'approche du mois sacré. Selon M. Slimani, chef de service de la répression de la fraude auprès de la direction du commerce, qui s'est exprimé sur les ondes de la radio locale : «Le changement d'activité est une infraction du code des pratiques commerciales et de la loi 04-08». «Ce genre d'infraction est puni par la fermeture du local pour une période d'un mois et une amende de 20.000 à 200.000 dinars». Selon le même responsable, «près de 130 brigades ont été mobilisées, une dizaine de jours avant le mois de ramadhan, pour le contrôle des pratiques commerciales et de la qualité». Il est utile de noter que l'exercice de cette activité est soumis à l'inscription au registre de commerce sous le code n°501-205 de la nomenclature des activités économiques soumises à inscription. En conséquence, tout commerçant ayant l'intention de changer d'activité, à titre temporaire ou définitif, en vue de l'exercice de cette activité durant le mois de ramadhan, est tenu de procéder à la modification préalable de son registre de commerce, faute de quoi, il fera l'objet de sanctions administratives et pénales prévues et ce, pour l'exercice d'une activité commerciale illégale. Toutefois hier, au premier jour du ramadhan, les vendeurs de zlabia, chamia et autres pâtisseries orientales étaient bien au rendez-vous, avec des produits aussi variés que succulents. Les gérants des fast-foods, des pizzerias et parfois même d'autres commerces s'improvisent donc, l'espace d'un mois, vendeurs de gâteaux orientaux. Les commerces se reconvertissent, fidèles à leurs habitudes. Des habitudes qui ont visiblement la peau dure, encouragées par le manque de contrôle mais surtout le soutien des consommateurs eux-mêmes qui n'en ont cure des questions d'hygiène ou autres. Pourvu qu'ils trouvent ce qu'ils cherchent et à bon prix. Et pour les commerçants, le ramadhan constitue la période propice pour se faire un peu d'argent de côté. D'autre part, de nombreux citoyens profitent du ramadhan pour se livrer à un commerce informel, en vendant de la nourriture et autres marchandises dans les rues et sur les autoroutes, en l'absence totale de conditions d'hygiène. Des enfants issus de familles démunies pratiquent aussi les petits commerces. Leur activité s'intensifie durant ce mois de ramadhan, connu pour la surconsommation. «Je vends du pain (metloue) pour pouvoir m'acheter des vêtements de l'Aïd», raconte Amine 9 ans, vendeur de pain au marché de la Batsille.