Photo : S.Zoheir Par Karima Mokrani Hier, au premier jour du Ramadhan, les vendeurs de zlabia, kelbelouz… et autres pâtisseries orientales étaient bien au rendez-vous, avec des produits aussi variés que succulents. Difficile de résister à la tentation de demander son paquet de zlabia «Boufarik» ou sa boîte bien emballée de kelbelouz, même si les temps s'annoncent encore durs, en cette période de chevauchement de deux événements majeurs (le jeûne et la rentrée scolaire), tous les deux synonymes de grandes dépenses. Les commerces se reconvertissent, fidèles à leurs habitudes. Des habitudes qui ont visiblement la peau dure, encouragées par le manque de contrôle mais surtout le soutien des consommateurs eux-mêmes qui n'en ont cure des questions d'hygiène ou autres. Pourvu qu'ils trouvent ce qu'ils cherchent et à bon prix. Les vendeurs «reconvertis» font une apparition très timide le matin, se satisfaisant de mettre sur les étals des brioches, des millefeuilles et autres gâteaux purement algériens… mais pas de zlabia et de kelbelouz. «Il y en aura pour cet après-midi», explique poliment un commerçant qui s'affaire à de petits réaménagements dans son local où l'ancienne liste des repas fast-food est encore visible à l'entrée du magasin. Un vendeur d'œufs explique les raisons de sa reconversion : «La vente des œufs ne marche pas bien. 9 dinars l'unité, ce n'est pas à la portée de tous.» Les gérants des fast-foods, des pizzerias et parfois même d'autres produits (œufs…) s'improvisent donc, l'espace d'un mois, vendeurs de zlabia, kelbelouz et autres pâtisseries orientales. «Nous n'allons pas tout de même rester au chômage pendant tout un mois. Nous avons des enfants et des familles à nourrir», lance un commerçant. «Nous avons l'autorisation de l'APC», affirme le vendeur d'œufs. Un propriétaire de pizzeria se transforme en vendeurs de jus de citron : «C'est très demandé par les consommateurs. C'est un citron que nous faisons ici même dans le local.» Il y a pourtant près de 15 jours, le ministère du Commerce a rappelé sa décision de réglementer l'exercice de cette activité, la soumettant à la possession d'un registre du commerce. «L'exercice de cette activité est soumis à l'inscription au registre du commerce sous le code n° 501-205 de la nomenclature des activités économiques soumises à l'inscription à ce registre», indique le ministère dans son communiqué. En conséquence, poursuit-il, «tout commerçant ayant l'intention de changer d'activité, à titre temporaire ou définitif, en vue de l'exercice de cette activité durant le mois de Ramadhan, est tenu de procéder à la modification préalable de son registre du commerce». Les commerçants non respectueux de cette nouvelle réglementation risqueraient de faire l'objet de «sanctions administratives et pénales prévues». Le ministère du Commerce ira-t-il au bout de sa nouvelle décision ? Ce n'est pas évident. Ne faudrait-il pas d'abord s'attaquer sérieusement au problème du commerce informel avant d'aborder tout autre aspect ? C'est là toute la question.