Ce n'est pas à une chute de prix qu'assistent éblouis et ravis les consommateurs constantinois, mais à une véritable dégringolade. «Les courgettes à 20 dinars le kilo? Je n'arrive pas à en croire mes yeux», s'est exclamée, hier, une ménagère devant la porte d'entrée du marché Boumezzou où des commerçants à la sauvette lui proposaient ce légume frais venant tout droit du potager de Hamma-Bouziane. «Vivement, on ne peut espérer un ramadan aussi clément que celui de cette année», fera remarquer sa compagne. Cette conversation que nous avons surprise nous a renseigné sur les prix des fruits et légumes pratiqués, hier, dans ce marché et aussi dans celui ouvert récemment au local de l'UGTA de la rue Chitour, à l'effet justement de casser les prix. Objectif atteint donc lorsqu'on a vu que le poulet se vendait à Boumezzou à 270 dinars le kilo et au local du syndicat à 275. «Ne vous y fiez pas, nous avertit un marchand, du producteur au consommateur il faut faire attention à la date d'abattage et vérifier bien si le poulet est frais». Quoi qu'il en soit, une concurrence féroce s'est installée entre les deux points de vente et a eu pour résultat une chute vertigineuse des prix. Au marché populaire de Boumezzou, le kilo de pomme de terre est tombé à 45 dinars, le même que dans l'autre souk, mais l'oignon est à 40 dinars dans ce dernier alors que dans le premier il fait pratiquement le double. Par contre, si la tomate est à 35 dinars à la rue Chitour elle est vendue entre 45 et 60 dinars à Boumezzou. Il n'y a que les viandes fraîches locales qui ne participent pas à ce duel des prix entre les deux marchés. A Boumezzou ? Les prix sont restés stationnaires, entre 780 et 850 la viande de bœuf contre 700 le kilo de viande «fraîche» importée de Brésil «au souk de l'UGTA», comme on vient de le nommer. La sardine, qu'une certaine rumeur avait annoncé qu'elle aussi est en chute libre, caracole toujours sur les hauteurs avec 340 dinars le kilo. Le poisson blanc est à 500 dinars mais la dorade est à 1300 le kilo. Pour les fruits, seule la variété Cantalou du melon a subi une chute libre et elle s'est vendue hier à 50 dinars le kilo chez les marchands de quartiers. Rencontré dans son stand de la rue Chitour, M. Rachid Gouaoura, le président de la fédération locale des fruits et légumes du marché de gros de Boussouf, nous a affirmé que cette tendance à la baisse va se poursuivre encore «parce que de grosses quantités de légumes et de fruits sont arrivées des wilayas productrices comme Relizane, Ain-Defla, Mostaganem, El-Oued et Jijel. Et de terminer en nous faisant un clin d'œil à propos du coup porté aux mandataires qui possèdent des hangars frigorifiques où ils stockent les produits du côté de Ain-Mila et d'ailleurs. «Ils sont embarrassés et ne savent plus que faire de la Degla qu'ils comptaient sortir pour la mettre sur le marché ce ramadan car ils ont été contrariés par les prix de 350 et 250 dinars le kilo qui sont pratiqués par les producteurs de Biskra, de Ouargla et d'El-Oued que nous avons invités dans notre marché de la rue Chitour».