En 1986, Target Libya, un jeu de guerre américain, est sorti, représentant une campagne américaine hypothétique contre le régime libyen, en représailles aux attaques terroristes répétées sur les intérêts américains, soupçonnés d'être soutenus par le gouvernement de Kadhafi. Aujourd'hui, le pays est devenu l'épicentre des jihadistes internationaux et une rampe d'attaque des hommes de Daech. En cause, la guerre irréfléchie de la France contre la Libye et l'assassinat du Colonel qui ont précipité le pays dans la violence et la guerre civile. Centre de tous les intérêts sécuritaires, la Libye est devenue, ces trois dernières années, une véritable poudrière à risques menaçant et ses voisins frontaliers et l'Europe, à travers une migration féroce venue des rivages de l'Afrique et du Moyen-Orient. L'option militaire, rejetée par Alger en premier lieu qui privilégie, au même titre que Londres ou Tunis, une sortie de crise politique, est de nouveau d'actualité avec la sortie médiatique du commandant de la force française Barkhane au Sahel, le général Jean-Pierre Palasset. Le haut gradé français a estimé jeudi que la lutte contre le terrorisme impliquait d'agir partout où il se développe, y compris en Libye. Un message clair adressé aux politiques européens et français en priorité pour mener une campagne militaire au «Sud Libye» où «tout est à faire». Le général Palasset a qualifié la Libye de «pays incubateur du terrorisme» prenant le relais de son ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, qui avait en 2014 appelé à «une opération militaire de grande ampleur» pour libérer la Libye. Evoquant plus particulièrement le Sud libyen, il le comparera à un terminal où viennent s'approvisionner les groupes terroristes «y compris en armes», et de citer l'émir Droudkal ou Mokhtar Belmokhtar, qui «y transitent régulièrement». Ces allusions à une intervention militaire au sol reviennent cycliquement pour y habituer l'opinion internationale. Ainsi les frappes aériennes égyptiennes contre les positions de l'Etat islamique à Derna, l'une des deux villes, avec Syrte, contrôlées par Daech en Libye, et l'appel du Caire à une intervention terrestre conjugués surtout à l'annonce italienne d'envoyer un contingent de 5000 hommes sur le sol libyen, contribuent à installer cette option dans la durée et surtout à lui donner assez de visibilité médiatique pour en faire une réalité. Un remake du scénario malien d'autant plus probable au lendemain des attaques coordonnées de Daech contre l'armée égyptienne dans le Sinaï.