Sept hadjis algériens sont morts dans l'accident qui s'est produit à Mina jeudi 24 septembre, le premier jour de l'Aïd el-Adha, endeuillé tôt dans la journée par la mort d'au moins 717 personnes et plus de 863 blessés dans l'une des artères menant vers El Jamarat, les trois stèles symbolisant Satan, pour le rituel de la lapidation du diable. Il s'agit, selon la cellule de crise mise en place par le ministère des Affaires étrangères de Betta Zohra (70 ans) et Taghlabet Messaouda (65 ans), originaires de la wilaya de Batna, de Berkane Djamila (55 ans), et Benkenyou Saliha (60 ans), originaires de Skikda, Ouled Abdelkader Lakhdar, Chena Afrou Kada, originaires de la wilaya de Tamanrasset, et Mourad Rebiha, épouse Boudjlis (originaire de la wilaya de Sétif). Pour les blessés, le ministère des Affaires étrangères indique en outre qu'une première liste de douze blessés, dont trois non encore identifiés formellement, fait ressortir les noms de Amara Benahmed (originaire de la wilaya de Naâma), Cherchali Hamiti (âgé de 48 ans), Haidoun Mohamed Cherif (62 ans - Tizi Ouzou), Dib Saida (membre équipe médicale), Si Ammar Abdelmadjid, Rezki Ahmed (originaire de la wilaya de Naâma), Ziad Hocine, Rezig Brahim et Lakhdar Smail. Le drame s'est déroulé sur la rue 204, l'une des deux principales artères menant de Mina à El Jamarat où sont érigées les trois stèles symbolisant Satan. «Les équipes médicales algériennes sont en train de visiter les hôpitaux et cliniques de La Mecque, Djeddah et Taef, où sont regroupées les victimes de la catastrophe», précise le ministère des Affaires étrangères qui ajoute qu'un bilan complet du nombre et de l'état des blessés algériens sera établi une fois l'opération de recensement terminée». Les mêmes équipes «ont, à ce stade, localisé et identifié une quinzaine de hadjis blessés dont l'état de santé n'inspire aucune inquiétude», ajoute le ministère. La «bousculade» de Mina, un terme couramment utilisé par les autorités saoudiennes depuis les nombreux accidents dont le dernier en 2006 avait fait 364 morts, serait dû à la fermeture inexpliquée d'un chemin sur le parcours des Jamarat, selon le chef de la délégation iranienne du hadj. «Pour des raisons qu'on ignore», un chemin a été fermé près de l'endroit où les pèlerins effectuent le rituel de la lapidation symbolique de Satan, a indiqué Saïd Ohadi à la télévision iranienne. «C'est cela qui a causé ce tragique incident», ajoute-t-il, alors que le gouvernement iranien avait accusé la mauvaise organisation du hadj 2015 par les autorités saoudiennes. En attendant les résultats d'une enquête officielle demandée par le roi Selmane, les suppositions vont bon train sur les terribles circonstances de cette tragédie. Pour autant, des images vidéo montrent qu'une immense barrière avait été mise sur l'une des artères menant vers Jamarat, et on voit dans cette vidéo des gardiens saoudiens et des policiers ouvrir un portail et les hadjis s'y engouffrer. Le scenario est classique dans ce genre de circonstances: un brusque arrêt des pèlerins de tête provoque un mouvement dans l'arrière de la file qui, en fait, pousse les premiers à avancer, et sous le flux de cette force humaine, les premiers qui n'ont pas où aller tombent et sont piétinés. Un hadji, cité par le HuffPost Arabi raconte : «Alors que nous marchions vers les Jamarat, j'ai été surpris par l'arrêt subit de la circulation des personnes de manière étrange et inexpliquée. Quelques minutes après, des vagues de pèlerins sont arrivés derrière et il y a eu une grande bousculade. Les femmes hurlaient, les personnes âgées sont tombées...La situation a duré jusqu'à l'intervention des services de secours pour nous sauver». Cela aurait duré un peu plus de dix minutes, de terribles minutes où des centaines de personnes tombaient et étaient systématiquement piétinées par une marée humaine. Une Egyptienne, témoin également du drame, raconte qu'elle était assise sur la «rue des Arabes» (où se trouve le lieu de la lapidation de Satan) pour prendre un peu de repos. « Les pèlerins se sont arrêtés quand ils sont arrivés à ma hauteur. Puis ils ont été suivis par une nouvelle vague de pèlerins qui a provoqué la bousculade. Les hadjis sont tombés les uns sur les autres.» Le prince héritier d'Arabie saoudite, Mohammed ben Nayef, a ordonné l'ouverture d'une enquête, selon l'agence SPA. Les conclusions de cette enquête devraient être soumises au roi Salmane, à qui «il reviendra de prendre les mesures appropriées» pour remédier aux conséquences de ce drame, ajoute l'agence saoudienne, alors que le ministre de la Santé saoudien a promis de son côté une enquête «rapide et transparente» sur l'accident qu'il a, lui, attribué à «un manque de discipline des pèlerins.» Ce n'est pas l'avis du Guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei, qui a condamné la «mauvaise gestion» des autorités saoudiennes, relevant que des «mesures inappropriées» étaient à l'origine du drame. «Le gouvernement d'Arabie saoudite doit accepter l'énorme responsabilité de cette catastrophe», a-t-il martelé, annonçant un deuil de trois jours dans le pays. Selon un hadji algérien cité par El Khabar, l'une des raisons de cette tragédie serait la fermeture de tous les points de passage dans la vallée de Mina menant vers El Jamarat en raison du passage du cortège d'un officiel saoudien. Cette version des faits a été rapportée par plusieurs témoins et par cette vidéo montrant des gardiens et policiers saoudiens ouvrant parcimonieusement devant les hadjis une grande barrière en fer. Immédiatement après le drame, des policiers, des gardiens de la défense civile et des hadjis se tenaient la tête devant l'ampleur de la catastrophe, selon des reportages TV. CELLULE DE CRISE ALGERIENNE La télévision américaine, CNN, a de son côté indiqué que près de 4.000 secouristes ont été dépêchés sur place par les autorités saoudiennes pour venir en aide aux victimes et au moins 220 ambulances ont été également dépêchées sur les lieux pour porter les premiers soins aux blessés et diriger le flot de pèlerins vers des routes alternatives. C'est l'une des pires tragédies vécues par les pèlerins à Mina après celle de 2006 qui a fait 364 morts. En fait, ce hadj 2015 avait mal commencé avec la chute d'une grue sur la mosquée El Haram, qui a fait 108 morts et plus de 400 blessés, dont des Algériens. Face à ces «catastrophes», le ministère des Affaires étrangères, en collaboration avec celui des Affaires religieuses et des Waqfs, avait mis en place une cellule de crise pour suivre l'évolution de la situation des hadjis algériens pour leur éventuelle prise en charge. Cette cellule de crise installée au ministère des Affaires étrangères «est en contact permanent» avec la cellule mise en place au ministère des Affaires religieuses et des Wakfs pour donner, «avec toutes les précisions nécessaires, la liste des éventuels hadjis victimes de la tragédie survenue jeudi à Mina», indique le ministère des Affaires étrangères. Il ajoute que «dans l'attente d'une communication officielle de la part des autorités saoudiennes, la cellule de crise des Affaires étrangères et les différentes équipes de la Baatha se trouvent face à d'énormes contraintes pour le recensement des victimes et sont dans l'impossibilité de donner, avec toutes les précisions nécessaires, la liste des éventuels hadjis victimes de la tragédie survenue hier à Mina», avait précisé vendredi le ministère qui rappelle qu'il est «demandé aux familles des hadjis de la patience et la cellule de crise ne manquera pas de les tenir informés au fur et à mesure de la réception d'informations officielles et confirmées». Selon des délégations médicales sur place à La Mecque, le bilan de la catastrophe de Mina pourrait être plus lourd qu'annoncé jusqu'à présent. «Les équipes médicales algériennes sont en train de visiter les hôpitaux et cliniques de La Mecque, Djeddah et Taef où sont regroupées les victimes de la catastrophe», explique par ailleurs le ministère des Affaires étrangères, selon lequel «un état exhaustif du nombre et de l'état des blessés algériens sera établi une fois l'opération de recensement terminée». «Ces équipes ont, à ce stade, localisé et identifié une quinzaine de hadjis blessés dont l'état de santé n'inspire aucune inquiétude».