« Reloger utile », c'est l'approche avec laquelle les pouvoirs publics locaux abordent le dossier du relogement, en phase d'exécution depuis mercredi, avec comme opération inaugurale : l'opération du « Virage ». Explication sommaire : on reloge tout en libérant du foncier, pour y investir (acquis direct) ou débloquer des contraintes physiques à des projets localisés (acquis indirect). Le relogement de 300 familles du vieux baraquement du « Virage », premier coup de la méga-opération portant sur 8.310 foyers, illustre bien ce concept. L'éradication de ce point noir a permis de dégager une assiette de terrain avec du coup un double dividende : la possibilité d'extension du cimetière qui est au bord de la saturation et le dédoublement de la route Oran-Aïn El Beïda (projet jusque-là inexécutable du fait de l'empiètement du bidonville). Le relogement des occupants de cette petite agglomération d'abris de fortune est donc « utile », en ce sens qu'il résout par ricochet un double problème (la saturation de la nécropole et l'encombrement du trafic Oran-Aïn El-Beïda) et permet ainsi d'aérer la ville de ce côté-là. Autre exemple : le site de Hayet Regency. Le relogement des familles qui ont élu domicile (de fortune), il y a bien des années, à l'orée de cette ancienne ferme, permettra d'implanter des équipements publics à proximité du centre urbain en chantier gravitant autour des 4.100 LPP, en phase très avancée. L'on peut se tromper sur la portée de cette opération, en l'abordant sous l'angle étroit et réducteur de quelques dizaines (seulement) de foyers à faire décamper des lieux, si l'on n'en considère pas l'impact sur le plan urbanistique, notamment. Décidément, « l'utilité » de ce petit coup de dé-bidonvilisation de Hayet Regency vaut beaucoup plus que le coup lui-même, vu d'un angle LPL, puisque toute la restructuration de ce périmètre, à l'instar d'El Barki, qui s'ensuivra par effet d'entrainement. Ce principe d'utilité s'applique en fait pour toutes les opérations de relogement programmées dans la feuille de route de la wilaya, dont le calendrier s'étale jusqu'à fin décembre. C'est le cas, en effet, pour le relogement de 500 familles à Cheklaoua, site jouxtant le cimetière américain, prévu le 11 ou le 13 novembre, la triple opération de 150 familles à Hassi Bounif, 226 à Gourine (Arzew) et 96 à El-Kerma, progmmée pour la mi-novembre, l'opération de 1.430 ménages titulaires de pré-affectations, à El-Hamri et Mediouni, le 23 ou le 25 novembre, à triple opération de 1.050 familles à Gdyel, 100 et 850 à Tlélat, le 5 ou 6 décembre, entre autres. Interrogé lors de la conférence de presse qu'il a animée mercredi sur l'estimation de la superficie du foncier qui sera récupéré à l'issue des actions d'éradication, le wali a donné un chiffre approximatif de 30 hectares. VERS LA RECUPERATION DE PLUS DE 30 HA On peut supposer que cette évaluation approximative a été faite à partir d'une cartographie « google earth », en additionnant les surfaces des sites ciblés. Or, l'arpentage par les géomètres a posteriori, c'est-à-dire après démolition et dégagement des assiettes, permettra de quantifier avec exactitude le foncier recouvré. Et, à vue d'œil, il semblerait que le gain sera un peu supérieur à l'estimatif. Or, si on connait l'usage qui sera fait des sites de certains bidonvilles, on ne dispose pas pour l'heure de données précises sur l'ensemble des sites, sachant bien évidemment que l'usage doit être paramétré et spécifié en fonction des données locales prises dans leur ensemble. Cette absence temporaire de visibilité quant à l'utilisation ultérieure du foncier réapproprié se pose en première ligne pour les sites de vieux bâti intra muros (Mediouni, Hamri, Derb ). Là, en effet, dans ces petits noyaux en plein tissu urbain, l'acte de démolition-désinstallation s'avère compliqué aussi bien que l'acte de réaménagement postérieur. En attendant d'avoir plus d'éléments de réponse dans ce registre-là, on reste pour l'heure dans le principe d'utilité mis en avant par Abdelghani Zâalane qui a affirmé que le foncier récupéré sera exploité à des fins d'investissement industriel ou d'équipements publics, relatifs aux secteur de l'éducation et de la santé notamment. Pour traduire ce principe en faits, il est indispensable, et impératif même, de protéger les sites récupérés contre toute tentative de squat. Dégager le terrain et le clôturer, ce n'est pas suffisant. On peut imaginer tout un tas de dispositifs (un organisme sous un statut ou un autre chargé de la protection et la gestion de ce « patrimoine » foncier, des sociétés de gardiennage combinées éventuellement aux services de police ou de gendarmerie ). Or, il n'y a pas meilleure protection que de commencer le projet conçu pour le site, et le plus tôt sera le mieux. S'il y a matière d'équipement public ou ouvrage routier faisant l'objet d'un marché ou de délivrance d'acte au profit d'un investisseur, charge à lui de veiller lui-même à son bien foncier. Il faut noter dans ce même registre que pour empêcher d'éventuels squats des sites évacués, la wilaya a annoncé qu'elle va recourir systématiquement à la boule de fer immédiatement après le relogement. Toutefois, l'acte sera professionnalisé, avec le recours à des entreprises spécialisées dans la démolition et la désinstallation, qui seront triés sur le volet par voie d'adjudication par l'OPGI, avait fait savoir le wali récemment.