Le Conseil national des enseignants du supérieur (CNES) avertit et menace la tutelle de recourir à une grève nationale. Une éventualité qui pourrait être décidée à partir du 15 novembre prochain si rien n'est entrepris pour ouvrir les portes du dialogue et régler les problèmes des universitaires. Le CNES, dans un communiqué rendu public, fait endosser l'entière responsabilité des blocages qui peuvent survenir par la suite au ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique. Le CNES, lors de sa session ordinaire, dresse un bilan sévère sur l'Université algérienne, constatant sa déliquescence à l'ombre d'une politique de bricolage dans sa gestion. Il dénonce également la fuite en avant du ministère à travers le non-respect de ses promesses et de sa recherche à gagner du temps en négligeant les propositions du CNES. Le Conseil national dénonce aussi les recteurs et les doyens qui ont fait de l'improvisation et la non application des lois un mode de gestion, ce qui a eu une influence néfaste sur l'université. Le communiqué évoque aussi la chasse aux sorcières à l'encontre des enseignants, en général, et les syndicalistes en particulier citant le cas de certains départements sous le coup de poursuites judiciaires (universités de Constantine, Laghouat, Saïda ) ou encore le dossier de l'enseignante à l'université de Béjaïa, doublement victime de harcèlement sexuel et de blocage administratif. Contacté par téléphone, Azzi Abdelmalek, le chargé d'information du CNES, nous apprendra que la justice lui a donné gain de cause concernant son action administrative en attendant la suite à donner à sa plainte pour harcèlement. Le CNES affirme leur apporter tout son soutien demandant à la tutelle de mettre fin à ces poursuites et à sanctionner les responsables. Le communiqué évoque aussi la situation précaire des 40 000 enseignants universitaires et réaffirme son engagement irrévocable à ne pas céder ses droits légitimes. Ce rappel à l'ordre du CNES augure d'un nouveau bras de fer entre ministère et partenaire social et d'une année universitaire problématique comme annoncée par Abdelmalek Rahmani, le coordinateur du CNES. Dans un premier temps, le Conseil avait estimé que cette rentrée sera l'une des plus difficiles qu'a connues l'Université algérienne, déplorant un manque flagrant d'enseignants. Le système LMD est également pointé du doigt dans la régression de l'Université. «Les anciens problèmes refont surface encore cette année», avait regretté le CNES qui n'excluait pas avant la rentrée universitaire plus un mouvement de grève «au cas où la tutelle ne répond pas favorablement aux revendications socioprofessionnelles». Un choix exprimé lors du conseil national de juin dernier et conditionné par «le recul clair et net de la tutelle de toute initiative de partenariat». «Du temps de l'ancien ministre, nous avions signé un traité dans ce sens après plusieurs mois de négociations. Le ministre de l'Enseignement supérieur fait la sourde oreille et ferme toutes les portes du dialogue», expliquait encore le coordinateur du CNES qui rappelle que le syndicat avait signé un P.V avec l'ancien ministre Mebarki que «l'actuel ne veut pas reconnaître». En avril dernier, le CNES avait entamé trois jours de grève pour dénoncer le nouveau statut de l'enseignant-chercheur, considéré comme «une régression» par rapport au texte en vigueur. Parmi la plateforme revendicatrice des universitaires, on retrouve les exigences socioprofessionnelles comme la question de la revalorisation salariale ou encore le dossier du logement et sa prise en charge «effective» et la débureaucratisation de l'université, entre autres revendications.