Au premier jour de la protestation des enseignants de l'enseignement supérieur, il était impossible de se faire une idée précise sur le taux de suivi du mot d'ordre de grève de trois jours, lancé à l'appel de la Coordination des enseignants du supérieur (Cnes). Les estimations variaient entre le suivi massif, tel que clamé par les enseignants grévistes, et le faible taux dont a fait état le ministère de tutelle. Ce dernier affirme que seul le centre connaît des perturbations. En grève depuis deux mois déjà, le coordinateur de la section de Tizi Ouzou, Ould Ali Samy, appelé par nos soins, a, en relevant la difficulté de se prononcer sur le taux de suivi, néanmoins, souligné l'agrégation des enseignants, étudiants et travailleurs désignés par l'acronyme ATS, de l'université de Tizi Ouzou, autour de la même plateforme de revendications. Elle porte essentiellement sur la protestation contre la promulgation du décret exécutif portant statut particulier de l'enseignant chercheur, et d'autres revendications socioprofessionnelles. En tout état de cause, a indiqué encore Ould Ali, "la procédure réglementaire a été respectée par les enseignants avant même le recours à cette forme supérieure de protestation". Les enseignants du supérieur, affiliés au Cnes, rejettent le nouveau projet, jugeant qu'il consacre un "recul" par rapport à l'ancien statut. D'autres griefs sont venus, toutefois, se greffer sur la principale revendication. Les enseignants revendiquent en ce sens la révision à la hausse des salaires, l'octroi de logements et le règlement des dysfonctionnements à l'université Mouloud-Mammeri, ainsi que l'insécurité régnant au sein des campus et des cités universitaires, contenus dans la plateforme transmise aux autorités de tutelle en novembre dernier, mais qui est restée sans suite. Aussi, le Cnes a, dans un communiqué sanctionnant les travaux de la réunion du conseil national, le 10 avril dernier, dénoncé la fin de non-recevoir apposée par la tutelle aux "revendications légitimes des enseignants", et décidé de laisser ouverte la session de conseil national afin de suivre le déroulement du mouvement de protestation. Le syndicat tiendra une réunion de son conseil national, samedi prochain, pour adopter ou rejeter la possibilité d'une grève illimitée. Pour sa part, le ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique a fait savoir, lundi, que les revendications du Cnes sont examinées dans le cadre de sessions de dialogue dont la dernière a eu lieu la semaine écoulée et que la plupart de leurs revendications ont été retenues. Il ajoute, par ailleurs, que l'Ouest et l'Est ne sont pas touchés par ce mouvement de grève et que "les représentants du Cnes ont été reçus à plusieurs reprises dont la dernière rencontre a eu lieu la semaine dernière", a précisé, à l'APS, une source du cabinet du ministre. Le décor est ainsi planté. Les deux protagonistes campent sur leurs positions, au grand dam des étudiants qui sont pénalisés par cette rupture des études. A. R.